« Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-Rien »
Ainsi le philosophe Vladimir Jankélévitch titre-t-il trois de ses livres au début des années 1980, publiés aux Éditions du Seuil à Paris.
Livres de sagesse, s’il en est.
Voici comment il ouvre cette série de livres :
Il y a quelque chose qui est pour ainsi dire la mauvaise conscience de la bonne conscience rationaliste et le scrupule ultime des esprits forts ; quelque chose qui proteste et « remurmure » en nous contre le succès des entreprises réductionnistes. Ce quelque chose est comparable, sinon aux reproches intérieurs de la raison devant l’évidence bafouée, du moins aux remords du for intime, c’est-à-dire au malaise d’une conscience insatisfaite devant une vérité incomplète. Il y a quelque chose d’inévident et d’indémontrable à quoi tient le côté inexhaustible, atmosphérique des totalités spirituelles, quelque chose dont l’invisible présence nous comble, dont l’absence inexplicable nous laisse curieusement inquiets, quelque chose qui n’existe pas et pourtant la chose la plus importante entre toutes les choses importantes, la seule qui vaille la peine d’être dite et la seule justement qu’on ne puisse dire !
J’aurais tant aimé simplement croiser ce philosophe, un jour.