À la recherche du bruit premier
Nos plus anciens souvenirs remontent au temps où nous vivions dans l’océan. Des centaines de millions d’années sous l’eau. Périple incroyable à travers les âges. Nous fûmes si longtemps poissons avant notre grand effort de sortie.
Et ce lieu de vie nous fut si essentiel que nous en avons apporté une partie de ce côté-ci, une bulle dans laquelle nous avons appris la vie, lovés pendant neuf mois dans l’utérus de notre mère. L’antichambre. Le précieux passage du long Hier au Présent d’aujourd’hui.
Notre toute première conscience d’être et d’être en rapport avec une entité qui n’était pas nous-même survenait alors grâce aux sons, bien avant tous les autres sens. À l’origine, dans le sein maternel, nous fûmes d’abord entendants.
Nous savons maintenant que le fœtus entend. En 1981, dans son livre La nuit utérine, publié chez Stock, l’oto-rhino-laryngologiste d’origine française Alfred Tomatis (1920-2001) écrit qu’il restait maintenant à déterminer à partir de quel âge il commence à entendre. « Les approches anatomo-physiologiques nous indiquaient alors que dès le quatrième mois et demi de la vie intra-utérine le fœtus était capable de réagir aux sons qui lui étaient adressés. Précisons qu’à cet âge son oreille est normalement constituée. Elle est terminée sur le plan anatomique en ce qui concerne l’oreille interne et les osselets. L’appareil labyrinthique a atteint une taille adulte. Myélinisé le premier, le nerf auditif entre en fonction, passant ainsi à la phase active, celle qui se manifeste dès que l’embryon se met à bouger et devient fœtus, c’est-à-dire à quatre mois et demi de la vie utérine.»
Il faut savoir que nous avons dans l’oreille interne ce que les chercheurs appellent l’organe de Corti. On le définit ainsi : Organe situé dans le canal de la cochlée (ou limaçon de l’oreille interne). L’organe de Corti contient des cellules sensorielles munies à leur surface de cils qui baignent dans un liquide, l’endolymphe. Quand des sons reçus par le tympan sont transmis par les constituants de l’oreille moyenne (marteau, enclume, étrier), les cils subissent des mouvements secondaires aux ondes liquidiennes déclenchées par ces sons. Ceux-ci sont transformés ensuite en stimuli électriques qui, par l’intermédiaire des nerfs, arrivent au niveau du cerveau. Décodés par celui-ci, ils deviennent alors « perceptibles»…
Toujours selon Tomatis, cet appareil de l’oreille fonctionne dans un milieu liquidien depuis des temps immémoriaux, liquide marin d’abord, puis sérum physiologique « aux caractéristiques bien définies certes mais liquide en tous cas ».
Et Tomatis de partir alors à la recherche du bruit de vie, «souffle premier perçu intensément lorsque le silence extérieur s’installe», «sorte de tintement, de ruissellement subtil, délicat, permanent, non rythmé sur les bruits du cœur, non influencé par la respiration». « Pour que ce chant du mouvement interne soit découvert, décrypté, il est nécessaire que l’environnement soit favorable. Il faut que le silence règne mais un silence vivant, un silence chantant comme il m’a été donné de le dénommer. Non pas ces silences artificiels obtenus à grands frais par des insonorisations intempestives. Dans ce cas, ce n’est plus ce bruissement subtil et aigu que l’on entend mais un bourdonnement qui conduit rapidement à un état dépressif. »
Et cette longue quête mènera Tomatis à son œuvre majeure, publiée en 1995, six ans avant son décès, Écouter l’univers. Du Big Bang à Mozart : à la découverte de l’univers où tout est son. Selon lui, non seulement le son est à l’origine du cosmos, mais il anime tout ce qui est. L’homme lui-même devient, dans cette perspective, l’écho de l’Univers.
P. S. Je ne vends rien. Ni brosse, ni shampoing, ni carte de membre. Je ne mène pas non plus de combat. Je cherche.
Cette image est celle de ma petite-fille Romy, à sa vingtième semaine dans le sein de sa mère.
Cher vous ,
On dira « le bon dieu est bon » et on amalgamera le sens de la vie et la vie réelle de vous et moi. On dira « le bon dieu est bon » et on ajoutera une couche d’épinards congeler en dessous de notre si trop bonne lasagne congeler du commerce afin d’épaissir la sauce.On dira « le bon dieu est bon » en cherchant encore son lieu de prédilection tout en imaginant qu’on y étais vraiment.On dira « le bon dieu est bon » et on ne saura plus qui vraiment est ce bon dieu de dieu. J »espère que votre petite fille a produit un être aussi magnifique que son foetus le laissait prévoir.
Merci beaucoup, chère Vous. Votre mot est une véritable méditation.
Et ma petite-fille file maintenant dans la vie, elle entre en deuxième en septembre. En première, comme son grand-père à l’époque, ses parents me disent qu’elle fut si heureuse d’apprendre que des mots et des significations se cachaient sous ces amas de signes dans une page. La lecture fut pour elle une véritable révélation.