Il est fréquent que les vivants, y compris les humains, soient capables d’être tout près l’un de l’autre
Ça se voit, il suffit de porter attention.
Je marchais avec le chat dans les herbes courtes tapissées de fleurs jaunes. Bientôt, nous arrivons dans une portion de gravier, là où aime se tenir l’Oedipode à ailes noires.
Le temps d’y penser, l’insecte apparaît. Il nous précède et se pose calmement sur un caillou, immobile. Le chat, tout à fait insensible à cette présence soudaine, passe vraiment très près de l’insecte sans même le regarder et ce dernier ne bronche.
Moi, je dois faire un détour, car je le connais maintenant et il me connaît, nous nous fréquentons depuis cinq jours. Je dois respecter une distance, sinon il s’envole et disparaît très loin.
Je contourne donc ce petit héros au couleur du caillou où il est posé. Je m’attarde à le photographier quelques fois. Et nous filons, le chat et moi, pour descendre l’allée vers le sud.
À notre retour, l’oedipode est toujours sur son caillou, et ni le chat ni moi l’approchons.
Nous fûmes quand même capables d’être très près les uns des autres. Et l’insecte ne s’est pas envolé.
Nous jouons à la vie.