Parlons donc de l’état d’enfance qu’on peut vivre même jusqu’à l’âge adulte
Allons voir ce qu’en dit Abraham H. Maslow (1908-1970). Ce psychologue américain est l’auteur à la fin des années 1960 d’un des livres que l’on peut qualifier de sagesse alors, Toward a psychology of being, publiée 1968 et, en français, chez Fayard en 1972.
Dans la cadre de son travail, il utilise plutôt le terme de consultants et non de patients ou de clients. Il cherche à travailler avec ceux-ci la capacité de créer qu’il voit en eux… et qu’eux lui en apprennent en retour.
Retenons quelques extraits de son chapitre « Développement de l’individu et créativité ».
« … il me semblait nécessaire de distinguer la créativité spécifique d’un art de la créativité requise pour la réalisation de soi, cette dernière jaillissant beaucoup plus directement de la personnalité et apparaissant largement dans les activités habituelles de la vie dans un certain type d’humour, par exemple. C’est en quelque sorte une tendance à faire toutes choses de façon créatrice : tenir maison, enseigner, etc. Souvent il m’apparaissait qu’un aspect essentiel de la créativité dans la réalisation de soi était une faculté perceptive (cela contredit aussi la notion de créativité uniquement attachée à l’œuvre).
« Les personnalités créatrices peuvent apprécier aussi bien ce qui est nouveau, brut, concret, individuel, que ce qui est général, abstrait, catalogué ou classifié. En conséquence, elles pénètrent beaucoup plus le véritable monde de la nature, que le monde des concepts, des abstractions, des prévisions, des croyances et des stéréotypes, que tant de gens confondent avec le monde réel. […]
« Je remarquais aussi que la créativité dans la réalisation de soi ressemble en de nombreux points à celle de tous les enfants heureux et qui se sentent en sécurité. Spontanée, facile, aisée, elle est libérée des stéréotypes et des clichés. Elle semble faite en grande partie d’une liberté innocente de la perception, de spontanéité et d’expression innocente et non inhibée. Presque tout enfant est capable de percevoir plus librement, sans a priori de la pensée, ce qu’il pourrait y avoir là, ou ce qui doit être là, ou encore ce qui a toujours été là. Et presque chaque enfant peut composer une chanson, un poème, une danse, une peinture, une pièce ou un jeu sous l’impulsion du moment, sans plan préalable, ni prévisions. […]
« Si les enfants sont naïfs, mes consultants, eux, ont acquis une seconde « naïveté », ainsi que la nomme [George] Santayana. L’innocence de leur perception et de leur expression est mêlée à des expressions acquises par la culture.
« En tous cas, tout semble se passer comme si nous avions affaire à une caractéristique fondamentale inhérente à la nature humaine, à une potentialité donnée à tous ou presque, à la naissance, et qui le plus souvent est perdue, enfouie ou inhibée quand la personne entre en contact avec la culture. »
Abraham H. Maslow, Vers une psychologie de l’Être, Paris, Éditions Fayard, 1972, p. 156s. Collection L’expérience psychique dirigée par Jacques brosse. Traduit et adapté de l’anglais par Mesrie-Hadesque.
Magnifiques ces phrases de ce cher Maslow. Je devrais y revenir souvent.