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La grande utilité de l’arbre

Extrait d’une réflexion d’Emmanuel Torquebiau, chercheur en agroforesterie.

 

[…] L’arbre crée de l’hétérogénéité

On peut cultiver des cultures tolérantes à l’ombre sous des arbres, ou y pratiquer de l’élevage et favoriser l’alimentation des animaux domestiques avec des produits arborés. Toutes ces options désormais bien connues constituent ce que l’on nomme « agroforesterie », ou l’art d’associer arbres et agriculture.

L’agroforesterie peut revitaliser les terres et augmenter leur capacité de stocker l’eau, régénérer les sols et les enrichir en matière organique, comme le fait la forêt, sa référence. Répartis de façon harmonieuse dans les paysages ruraux, les arbres de l’agroforesterie peuvent rendre une multitude de services : protéger et faire revenir la faune et la flore, capturer du CO2 et stocker du carbone, nous abriter du vent et de la canicule, absorber une partie de la pollution, modérer les effets de la sécheresse, de la chaleur ou des froids extrêmes, aider à contrôler certaines maladies des plantes.

Ils peuvent même faire revenir la pluie et réalimenter les sources. Dans ces paysages, l’arbre crée de l’hétérogénéité. Il contribue au fonctionnement équilibré des agro-écosystèmes auxquels il appartient. Les arbres remarquables de nos campagnes servent aussi à visualiser les limites de parcelles, à marquer la propriété et ils ont souvent une histoire ou évoquent une légende.

Les arbres nous aideront à inventer l’agriculture de demain

Les arbres de l’agroforesterie sont aussi à l’origine d’une foule de productions : fruits, fleurs, feuilles, fourrage, écorces, racines, médicaments, parfums, tanins, résines, latex, gommes, et bien sûr toutes les utilisations liées au bois.

En ce début de XXIe siècle, l’agroforesterie a le vent en poupe. Le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] en fait l’une des options prometteuses pour répondre à la crise climatique. Au-delà de la crise climatique, l’agroforesterie est en mesure de répondre à une crise peut-être plus grave encore : celle de l’effondrement de la biodiversité. Ceci par la reconstitution des habitats nécessaires à la flore et à la faune sauvages, garants de l’équilibre des écosystèmes – ce qui nous ramène à la question sanitaire.

Les épidémies révèlent des déséquilibres que l’arbre et les paysages arborés contribuent à atténuer et à réguler. Pourquoi faire la liste de ces attributs des arbres ? Parce qu’ils nous aideront à inventer l’agriculture de demain. Une agriculture diversifiée, protectrice du sol et des autres ressources naturelles. Une agriculture qui ne contribue plus aux émissions de gaz à effet de serre. […]

 

Emmanuel Torquebiau, « Les épidémies révèlent des déséquilibres que l’arbre et les paysages arborés contribuent à atténuer », Paris, Le Monde, 30 mars 2020. Édition numérique.

Merci à mon cher fils qui m’a abonné au journal Le Monde, la maison de la presse des alentours étant fermée.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. La monoculture et la déforestation contribuent, sinon font, les épidémies. La perte de biodiversité s’est retournée contre nous. La menace a cessé d’être un pur discours abstrait. Allons-nous pouyoir tirer la leçon?

    https://www.acbio.org.za/en/monoculture-effect-and-covid-19

    30 mars 2020
  2. Jean Provencher #

    Vous avez tout à fait raison, monsieur Blouin. Et merci de nous poser la question, ainsi que pour cette référence que vous nous proposez.

    Nous allons aller lire ce propos qui nous vient d’Afrique, son de cloche bien intéressant.

    30 mars 2020

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