Éloge du buisson
Rien ne peut rendre plus heureux un bruant qu’un buisson. Qu’il soit chanteur, à couronne blanche, à gorge blanche ou familier. Ce ne sont pas des oiseaux de forêt, ou de plaine à peu près dénudée. Les herbes hautes ne leur plaisent guère également.
Mais qu’arrivent-ils à trouver dans pareille broussaille, pareil taillis ? Ils aiment assurément vivre à cette hauteur. Ils ne se lancent pas régulièrement dans de grandes envolées dans le ciel, qui s’apparentent à des ballets, semblables à celles des hirondelles bicolores.
Ils raffolent plutôt de ce milieu enchevêtré, labyrinthique, sommet d’entremêlement. Sans doute qu’il fournit protection, car ces bruants se confondent avec ce lieu, portant les mêmes couleurs, le brun et le gris. Entendent-ils un sauve-qui-peut lancé par un Geai bleu qui a reconnu la présence tout près d’un rapace, ils cherchent à gagner aussitôt leur buisson ou en trouvent un plus près. Bien sûr, ces oiseaux s’éloignent à l’occasion, mais l’observation montre qu’ils aiment se retrouver dans ce lieu, comme dans un endroit réconfortant, donnant aussi à voir aux alentours.
Mon groseillier à maquereau, bien que chargé d’épines, et mon ancien bûcher les attirent. Quand je cherche ces bruants, j’observe d’abord ces lieux premiers. J’y ai même vu le Crapaud d’Amérique. Caché sous l’un d’eux par temps chaud, il voulait la fraîche.
Cette page devrait apparaître dans un prochain livre ayant pour titre HISTOIRES NATURELLES.