Du journal La Patrie (Montréal), édition du 1er mai 1908
C’est le mois de Marie,
C’est le mois le plus beau.
Au premier jour de mai, ce refrain de l’ancien et naïf cantique vient tout naturellement aux lèvres.
Voici donc le mois de la dévotion et des pieuses prières du soir, au pied de l’autel.
Par les routes reverdies et fleurant bon le renouveau, on se dirigera vers l’église.
Le mois de Marie est toujours suivi par un grand nombre de fidèles.
On s’y rend en famille, quand tous les travaux du jour sont finis, et là, dans l’atmosphère calme et pure du temple, on élève son cœur vers la mère de Dieu, vers Marie la toute bonne et la toute compatissante aux misères des humains.
Il en sera encore de même, cette année, pendant tout le mois de mai, quand viendra le soir, les cierges s’allumeront au sanctuaire et les prières monteront avec l’encens vers celle qui, là-haut, présente à son fils les supplications des exilés de la terre.
Ce texte fait la une de ce quotidien montréalais ce jour-là.
Sur le cantique lui-même, « ancien et naïf » dit-on ici en 1908, il n’est pas perdu. Hier, dans mon quartier, au cœur de la ville, il suffisait d’échapper « Ah, c’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau », que six ou sept personnes, dont deux jeunes, se sont mises à chanter. Tant à l’épicerie que sur la rue. Véritables oiseaux du printemps. Et ça rassure ; dans ce cas-ci, nous ne sommes pas frappés par l’oubli.
Et deux de ces personnes, l’une originaire de Baie-Saint-Paul et l’autre du faubourg Saint-Roch à Québec, m’ont rappelé dans quelle circonstance, enfants, elles interprétaient ce chant. Et, dans les deux cas, à l’extérieur devant une statue de Marie.
Nos racines. Absolument pas risibles.