À nouveau, à cause de la lune cette fois-ci, certains crient à la fin du monde
J’aime bien le journaliste scientifique Henri de Parville (1838-1909). Il fut en son temps fort nécessaire pour contester ceux qui y allaient de faussetés.
En 1894, la rumeur court que nous arrivons maintenant à la fin du monde, car la lune va masquer la constellation de l’épi de la Vierge. De Parville prend la parole.
Nous voilà arrivés à la fin du monde, Qui dit cela ? Les journaux bien informés. Pourquoi ? Parce que la lune a caché l’épi de la Vierge, une constellation de première grandeur. Pour la première fois depuis la mort de Jésus-Christ, ce phénomène devait survenir en 1894. Et c’est la fin des choses. Points s. v. p. ?
Où est-ce écrit ? je n’en sais rien, mais ce que je sais, c’est que l’occultation de l’épi de la Vierge par la lune est un phénomène tout simple qui arrive de temps en temps ; il a bien eu lieu au moins cent huit fois depuis la mort du Christ sur le Golgotha, et il se reproduira encore bien certainement des milliers de fois avant que notre globe ne meure de sa belle mort. On écrit singulièrement l’histoire !
Est-ce que, après un période d’environ dix-neuf ans (cycle de Méthon), la lune n’occupe pas successivement les mêmes points du ciel par rapport au soleil et à ses nœuds ? Elle recommence sa tournée et, par conséquent, passe successivement devant les mêmes constellations.
Nous sommes à la fin du cycle, au moment où notre satellite, selon les petites inégalités de sa marche, passe plus ou moins exactement devant l’épi de la Vierge. La lune a effleuré l’épi la semaine dernière. Il en a été de même en 1873, en 1857, etc. ; il en est ainsi cinq ou six fois par siècle.
Dès lors, nous n’avons assisté à aucune événement astronomique digne de nous préoccuper. Dormons tranquille… et admirons les journaux « bien informés ».
Henri de Parville.
L’Éclaireur (Québec), 21 avril 1894.
La photographie d’Henri de Parville provient du site Gloubik Sciences.