Des nouvelles du Bic, cette fois-ci
Du correspondant du journal Le Soleil dans ce village magnifique sur les bords de l’estuaire du Saint-Laurent.
Le mois d’avril est commencé par une giboulée ; il est tombé une neige fondante aussitôt disparue et qui a fait place à de la pluie.
Depuis une couple de jours, la température est changée et nous avons des journées chaudes et ensoleillées.
Le commerce est tranquille cette semaine vu le mauvais état des chemins. Nos marchands ne se plaignent pas trop cependant, car ils font encore plus d’affaires que par les années passées à pareille époque. […]
La récolte du sucre et de sirop d’érable est très abondante cette année, beaucoup plus abondante que les cinq ou six années précédentes.
En certains endroits de notre village, les trottoirs sont tellement encombrés de neige que le passage est difficile. Il y a évidemment négligence de la part des propriétaires et on devrait voir à ce que ces trottoirs soient nettoyés au plus tôt.
Une curieuse aventure est arrivée mardi dernier à un jeune homme de notre village qui s’était avisé de s’amuser aux dépens d’une jeune fille qu’il courtisait.
Comme c’était le 1er avril, vers le soir, il se rendit déguisé en femme, à la demeure de sa bien-aimée, et lui remit un paquet contenant un superbe hareng fumé. On voit d’ici la tête que fit cette jeune fille quand elle ouvrit le paquet et quel plaisir son amoureux goûtait en voyant qu’il avait si bien atteint son but.
Mais pour avoir trop voulu jouir de son triomphe, ce jeune homme fut cruellement puni. On le reconnu sous son déguisement et il fut chassé sans merci. Les poissons d’avril sont quelquefois funestes aux amoureux qui en abusent.
Le Soleil (Québec), 8 avril 1902.
Source de l’illustration : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Inventaire des biens culturels du Québec, Cote : 15 258 A-2.