Un raton laveur est dans les parages
Les pistes qu’il laisse le trahissent.
Depuis plusieurs mois maintenant, je réfléchis à la mémoire des bêtes et on en parle dans beaucoup d’ouvrages.
Les Dindons sauvages viennent de vivre ici leur troisième hiver, de janvier à mars. Or, une fois en septembre 2018 et une autre fois en octobre 2018, j’ai pu voir qu’un dindon était passé, y laissant quelques traces. Je me demande vraiment si ce n’était pas un éclaireur de passage pour vérifier l’état des lieux. Et son groupe de 14 est arrivé en janvier.
Cette année, à la fin de mars, une première corneille se présente et sait manifestement que le pain que j’offre aux oiseaux n’est pas un piège. Elle perçoit assurément l’endroit comme « serveur de pain » et s’y jette sans crainte d’aucune sorte. Ses camarades, l’observant à distance, se demandant si elle n’y laisserait pas sa peau, mettent quand même du temps avant d’oser s’approcher, craignant sans doute que ce soit un piège. La corneille, qui continue de manger avec appétit, finit par les convaincre d’approcher. Et quand elles se décident, elles rampent littéralement, de crainte que ça n’explose. Le Quiscale bronzé fait de même, il n’ose « s’offrir complètement » de crainte que tout lui explose au visage.
Comment ne pas croire que la première corneille à se précipiter sur le pain est une de celles de l’an dernier qui revient sur les lieux, tout à fait confiante.
Pour le raton laveur se présentant en son temps, à la fin de mars ou au début avril, comment ne pas penser à Jules, présent en 2017 et 2018 ?
Rappelez-vous, je l’ai proposé le 11 juin 2017 et personne n’en a voulu. Puis, le 30 août 2018, il ne lui manquait que les clefs de la voiture. Et le revoilà, à mon avis.
La lecture de votre blog m’a porté à réfléchir aussi à la mémoire des bêtes.
Pourquoi, tous ces oiseaux noirs (étourneaux, carouges, quiscales, carouges, vachers) arrivent tous ensembles en grand nombre dans le jardin. Comment savent-ils qu’ici des postes d’alimentation et un boisé offrent nourriture et protection durant leur courte visite? J’ose penser que leur déplacement vers le jardin est une destination connue et enseigné aux juvéniles.
Même observation pour le colibri dont l’arrivée est prévue vers le 8 mai. Son arrivée dans le jardin est une destination, il a la mémoire des abreuvoirs. Comme vos dindons possèdent la mémoire de la nourriture offert chez-vous.
Basé sur vos écrits et mes observations, les bêtes ont sans aucun doute la mémoire de tout ce qui affecte leur vie. Le souvenir des choses passées est un garant de leur survie.
Que veut-dire l’expression, le passage du Grand Meaulnes ?
Bonne journée,
Vous avez tout à fait raison, chère Nicole, au sujet de la mémoire de vos oiseaux qui Vous reviennent. Et rappelez-Vous votre hirondelle baguée revenue dans vos parages.
À venir jusqu’à tout récemment, les humains que nous sommes étaient tellement prétentieux qu’ils étaient convaincus d’être uniques dans tout ce qu’ils sont. Aujourd’hui — et ô bonheur, enfin ! — nous sommes à apprendre que beaucoup de ce que nous sommes appartient aussi aux autres vivants. Bien plus, dans certains domaines, ils nous sont supérieurs. L’odorat du chien est tellement supérieur au nôtre. L’abeille distingue la variété des couleurs bien mieux que nous lorsqu’elle pénètre dans une prairie ; bien plus, elle perçoit l’ultra-violet, ce que nous sommes absolument incapables de faire. Et la liste serait longue.
Nous sommes à apprendre aussi et à le prouver scientifiquement que les vivants ont une mémoire, absolument.
Le passage du Grand Meaulnes est un surnom que j’ai donné à cet endroit unique de mon grand terrain. Sa configuration me ramène au grand roman d’Alain-Fournier, écrivain français, auteur d’un seul livre, mort à 27 ans lors de la première guerre mondiale. C’est l’histoire d’un jeune homme (Alain-Fournier a publié ce livre à 20 ans) qui, un jour, invité, se retrouve dans une région de France magnifique, là où, dans un domaine mystérieux, il y a une fête étrange, poétique et pleine d’enfants, comme dit la page Wikipédia sur ce livre, et où Meaulnes fait la rencontre d’une jeune fille dont il devient instantanément amoureux, mais le cœur de la jeune fille est déjà engagé. Si bien que Meaulnes, à jamais, ne pourra la revoir.
Le livre d’Alain-Fournier est toujours publié et republié, plus de 100 ans après son décès en 1914. Il se trouve assurément, toujours en poche, dans toute bonne librairie. Moi-même, j’en ai deux copies, je crois bien, et je le vois passer aussi régulièrement chez les bouquinistes.
Pour tout Vous dire, le goût de l’écriture m’est venu à 17 ans (sans même savoir ce que je ferais de ma vie, autrement que d’écrire), lorsque, dans ma classe, notre prof de français nous a fait passer trois mois sur la langue française avec comme objet de réflexion cet immense livre d’Alain-Fournier. Je me jurais intérieurement qu’un jour, j’écrirais.