« Au milieu d’une buée jaunâtre »
Du quotidien montréalais La Presse du 18 janvier 1900.
Une correspondance dit que, l’autre jour, un brouillard effroyable s’est abattu sur Londres et a enveloppé ses rues et ses places de ténèbres humides et opaques.
Pendant tout l’après-midi, on s’est débattu au milieu d’une buée jaunâtre dont l’odeur âcre prend à la gorge et pèse sur la respiration. Cette buée est impitoyable, elle franchit le seuil des maisons et pénètre jusqu’aux appartements ; rien ne peut l’arrêter.
Si encore le brouillard de Londres se contentait d’être noir, mais il ajoute à ses nombreuses qualités une saleté épouvantable, et lorsqu’on met sa figure en l’air, on la retire tachetée de suie comme si on l’avait glissée dans l’intérieur d’une cheminée ; si on a le malheur de promener son mouchoir à l’ouverture de son orifice nasal, on le retire dans le même état que s’il avait servi à nettoyer le dedans d’un poêle.
Ajoutez à cela les innombrables accidents coutumiers ; cette fois, on parle seulement de deux déraillements de chemin de fer, de trois tamponnements et de dix-sept accidents de voiture. Quant aux chiens écrasés, on ne les compte pas !
La photographie fut prise à Londres bien sûr par mon fils Sébastien le 19 mai 2013.
La ville de Londres a souvent eu des épisodes de pollution catastrophiques, à cause de l’utilisation massive du charbon (depuis 700 ans (!) selon ce chercheur : https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00022470.1976.10470341). L’épisode polluant qui a tout changé date de 1952, le Great Smog of London (https://en.wikipedia.org/wiki/Great_Smog_of_London), qui aurait tué 4000 personnes et qui a mené à de sérieuses réformes environnementales.
Merci beaucoup, cher. J’ignorais complètement cette histoire. Quand même, c’est quelque chose : mourir pendant 700 ans de charbon ! Merci, merci. Je vais aller lire les deux documents auxquels tu nous réfères.