Vieillir doucement, et bientôt partir
Au printemps 2017, au Salon international du livre de Québec, j’ai eu la chance de rencontrer le grand écrivain tunisien Moncef Ghachem.
Comme je l’écrivais le 9 avril, cet homme chaleureux habite près de Carthage, en bordure de la Méditerranée, où un cimetière marin le sépare de la mer. Il parle avec grande douceur, quasi avec tendresse.
Grâce à un ami, j’ai pu prendre connaissance de ses vœux du Nouvel An 2019. Voyez ce texte touchant.
2019
solstices d’hiver
tourbillons de nageoires jaunes
dans les fissures de la mer
je rame à contre-courant
dans la mémoire fébrile
de la galère et de l’instant
le rafiot prend de l’eau
la mer n’est pas lisse
je lève l’ancre de l’abandon
le temps m’interpelle sournoisement
me tend son ardoise
aux chiffres d’ombre
j’approche d’une nuit au soleil d’encre
si j’étais le jeune berger du troupeau jaune
je m’habillerais de lumière dans l’île
au matin de l’été tendre, j’arpenterais l’horizon
je retrouverais l’enfance de l’hirondelle
le rafiot serait mon char de Neptune
ses hippocampes mes chevaux de voyage nocturne
je loge dans le songe
Moncef GHACHEM
La photographie de Moncef Ghachen, de Vincent Capman, apparaît sur le site de Paris Match.