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Il fut des temps où nous étions avant l’électricité

L’écrivaine montréalaise Kelly Norah Drukker en parle.

Préélectrique

 Pas d’éclairage électrique ici avant les années 1970.

 

Ce qu’on faisait, par les soirs de novembre,

était éclairé par le gaz, la mèche. Le suif qui dégoutte, en toile de fond :

le sifflement des lampes, la pluie qui peigne les hautes herbes.

 

Ce qu’on disait — si tant est qu’on parlât — était dit dans des pièces claires-obscures.

Toujours, l’œil cherchait la fenêtre et la courbe de la lune, sondait les vastes ténèbres.

 

Certains soirs, le ciel au-dessus de l’Atlantique s’embrasait —

un monde, allumé de l’intérieur — et tout en bas

les petits feux, la tourbe fumante.

 

Kelly Norah Drukker, Petits feux, Montréal, Le lézard amoureux, 2018, p. 42. Traduction de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul, Gagné. Finaliste au Grand Prix du livre de Montréal (2016).

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