Arrêt maintenant sur l’écrivain, sociologue et essayiste Jean Duvignaud (1921-2007)
C’est que des choses doivent être dites.
L’Occident, à la fin du Moyen Age et au début de ce qu’on appelle la « civilisation industrielle » a inventé une nouvelle modernité qui aurait pu provoquer une évolution différente de celle que le capitalisme allait entraîner : car il n’existe aucune logique interne au développement de l’histoire qui rende inévitable le passage du monde traditionnel au monde du capitalisme […].
L’idée que le but de toutes les sociétés humaines est le travail et que la fonction principale des collectivités est la production, n’est peut-être qu’une croyance, au même titre que la croyance, mélanésienne qui admet, par exemple, que la mort n’existe pas… […].
L’Occident aurait pu exalter d’autres valeurs que celles de l’économie, de l’accumulation et du travail. Il aurait pu céder à la puissante attirance de la consommation somptuaire et d’une mystique du don. Il a choisi une autre voie et capitalisme et socialisme, dans les sociétés industrielles, parlent le même langage ou donnent aux collectivités humaines la même finalité aberrante et monstrueuse : le travail plutôt que l’épanouissement et le bonheur. […]
La fin de l’aliénation [consiste] à renverser les données de l’existence collective en faisant de la jouissance des biens et de la vie une fin en soi.
Jean Duvignaud, Fêtes et civilisations, Librairie Weber 1973.