À la recherche de l’Étoile polaire

Les astronomes ont divisé toutes les étoiles qu’on peut discerner à la simple vue en cent huit constellations, dont douze forment le zodiaque, ou la route que semble parcourir le soleil dans sa course annuelle.

Entre les constellations septentrionales, il n’en est point de plus remarquable que celle qui est la plus voisine du pôle arctique, et qu’on appelle la petite Ourse. La dernière étoile de sa queue n’est qu’à un degré et demi du pôle, et c’est pour cette raison qu’on la nomme étoile polaire.

Elle marque, pour ainsi dire, le point autour duquel se fait le mouvement général du ciel. On peut la reconnaître, en cherchant du côté du nord, quelle est l’étoile qui ne change pas sensiblement de place dans l’espace d’une nuit ; car l’étoile polaire est la seule dans ce cas.

Mais, comme il faudrait en essayer plusieurs, et les suivre chacune pendant plusieurs heures, afin de reconnaître celle qui ne varie pas, il vaut mieux se servir de la grande Ourse, pour découvrir l’étoile polaire. […]

Ainsi l’étoile polaire s’aperçoit toujours vers le même point du ciel. Il est vrai qu’elle décrit un cercle autour du pôle ; mais son mouvement est si loin, et le cercle si petit, qu’il est presque insensible. Elle varie donc fort peu dans sa situation, et on la voit en toute saison dans la même partie du firmament ; ce qui la rend un guide sûr pour les navigateurs, particulièrement sur l’Océan.

Avant la découverte de la boussole, les marins n’avaient point de conducteur plus fidèle ; aujourd’hui même, lorsque le ciel est serein, ils peuvent, en bien des circonstances, se reposer avec plus de sûreté. Sur les avis de cet astre que sur ceux de l’aiguille aimantée.

Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885, p. 352s.