Le Père Noël est à Montréal
Voilà la pleine saison du Père Noël, revenu du Pôle Nord. Soudain, il est partout, dirait-on. Le voici maintenant à Montréal. La Patrie du 14 décembre 1901 nous apprend qu’il est précisément rue Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal. Son royaume, cette fois-ci, est une grotte.
Le bonhomme Santa Claus est descendu ce matin au grand magasin Carsley et a pris immédiatement possession des appartements qu’il avait retenus pour les fêtes de Noël. À son arrivée, notre représentant a obtenu une interview de l’important personnage, qui nous a fait les honneurs de sa grotte avec toute la cordialité qu’on lui connaît. Le père Santa se montre enchanté du luxe et de la splendeur que l’on a déployés à son égard, et vraiment il a raison.
Avant d’entrer dans le salon du bonhomme, le cerbère qui veille à la porte exige la somme de dix centins, qui donne droit à un joli cadeau et à un petit discours du joyeux Santa. Il est assis sur un trône splendide, entouré de lumières et de fleurs aux reflets éblouissants. Ses rennes semblent très fatigués, et cela va de soi, après la course furieuse qu’ils viennent de terminer. Près des gentilles bêtes, se tient un sauvage capturé par l’intrépide vieillard dans les montagnes, par delà-les mers. La voiture, qu’on n’a pas encore eu le temps de décharger, est toute pleine de jouets fantastiques.
Près du Père Santa, la fée prévoyante qui l’a préservé en toutes ses aventures, repose, coquette et délicieuse, sur un siège tout éblouissant de pierreries.
Plus loin, l’histoire de la pauvre Cendrillon est reconstruite en tableaux vivants et d’un effet splendide. On voit d’abord la malheureuse petite fille, laissée seule au logis, quand ses sœurs dansent et rient là-bas, dans un bal princier. Puis Cendrillon, transportée à la fête par la puissance d’une fée, sa marraine, perd, au sortir du bal, un soulier microscopique, qu’un prince ramasse, étonné et ravi. Au troisième tableau, le prince, qui a fait chercher par tout le royaume à qui pouvait bien appartenir ce soulier mignon, découvre enfin notre héroïne et lui offre sa main et son cœur. C’est délicieux !
Les lettres arrivent avec une abondance extraordinaire, et le bonhomme a toutes les misères du monde à répondre à ses petits correspondants.
Le père Santa nous a bien recommandé qu’il est revenu parmi nous, et que les enfants trouveront toujours en lui le généreux bonhomme de jadis.
Que toutes les mères y conduisent leurs petits.
Le grand magasin Carsley, en toutes saisons, un annonceur important dans La Patrie, est sûrement de mèche avec le rédacteur de cette nouvelle.
La sculpture ci-haut nous montre le Père Noël, à la veille de son départ vers le Sud, un globe terrestre à sa gauche sur une pile de livres. À moins qu’il ne soit de retour de sa longue course, s’étant servi un chocolat chaud. Voilà une œuvre de Julienne et René Dandurand, de Salaberry-de-Valleyfield. J’ai téléphoné à Julienne pour lui demander si c’était bien du chocolat chaud dans la tasse. Pouffant de rire, elle m’a répondu « Ça dépend de ce que le Père Noël aime boire » et, gamine, n’a pas voulu préciser davantage.
À l’origine, il y a près de 20 ans, son époux René ne produisait que des œuvres sur lesquelles était seulement apposé un vernis translucide. Au fil du temps, la couleur s’est ajoutée, le travail de Julienne. La photographie ci-bas est celle de Julienne justement, bien belle dame.
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