Si intéressée à la Grèce antique, la grande Simone Weil a même traduit la plupart des fragments d’Héraclite

Venant d’Éphèse, Héraclite est un philosophe grec de la fin du 6^e siècle av. J. C. Appartenant à l’école des présocratiques, il est passé à l’histoire pour ce qu’on appelle ses Fragments, des réflexions bousculant la pensée rationnelle.

On en connaît plusieurs versions. Simone Weil a proposé la sienne. Voici certains de ces fragments nous provenant de madame Weil.

 

Le soleil est nouveau chaque jour.

Si tous les êtres devenaient fumée, les narines les discerneraient.

Un âne choisirait des chardons plutôt que de l’or.

La clarté ne se couche pas, comment lui échapperait-on ?

Si on n’espère pas, on ne trouvera pas l’inespéré ; car on ne peut le chercher, il n’est pas de voie vers lui.

Ceux qui cherchent de l’or retournent beaucoup de terre et trouvent peu.

Les porcs se lavent avec le fumier, les oiseaux avec la poussière et la cendre.

On ne peut trouver les limites de l’âme, même en faisant la route, tant elle a un logos profond.

Le temps est un enfant qui joue au trictrac. Ce royaume est celui d’un enfant.

Je fais cas de tout ce qu’on peut voir, entendre, apprendre.

Le feu est besoin et rassasiement.

On ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve.

Les chiens aboient contre ceux qu’ils ne connaissent pas.

J’ai été en quête de moi-même.

Un seul jour est comme n’importe quel jour.

De tous ceux dont j’ai entendu les discours, nul n’est parvenu à ceci, à savoir : connaître qu’être sage est être séparé de toutes choses.

Il appartient à tous les hommes d’avoir la connaissance de soi et la sagesse.

L’habitude est le génie de l’homme.

La nature aime à être cachée.

Tout est déterminé par la destinée.

 

Simone Weil, La Source grecque, Paris, Gallimard, collection Espoir nrf fondée par Albert Camus, 1953, p. 149-158.

Rappelons que ces propos sont d’Héraclite et non de madame Weil.