Alors revenir au temps passé, ça ne vous dirait ?
Raquetteur, par exemple ? Voyez une des sorties des Montagnards de Montréal.
Nos raquetteurs du Montagnard, accompagnés des dames, ont fait, hier soir, leur grande sortie projetée. Ils étaient environ une centaine, tous costumés de pied en cap.
Cette procession de joyeux raquetteurs parcourant les principales rues de la ville en fredonnant les refrains les plus gais sous la neige légère qui tombait par gros flocons, nous rappelait des souvenirs bien chers au cœur.
Assurément, si nous avions eu sous la main raquettes et costumes, nous nous serions joints à la bande.
Arrivé au point de départ, tout en haut de la rue St-Denis, on prit le tramway et quelques minutes après un petit bois près du Sault au Récollet [en bordure de la rivière des Prairies] où on avait préparé à l’avance tous les accessoires voulus pour pendre convenablement la crémaillère.
Les cuisiniers improvisés se mirent aussitôt en frais d’allumer un grand feu et, l’instant après, des millions de fèves succulentes [assurément déjà cuites] mêlées au bon lard, faisaient les délices de ceux qui les dégustèrent. Elles étaient bien bonnes, ces fèves, tellement délicieuses que le grand chaudron fut vidé en quelques instants. Et dire que tout cela se passait au clair de la lune.
Quand tout fut terminé sous le bois, on se dirigea vers [l’hôtel] «Péloquin Village» où une sauterie fut organisée. Dire le plaisir qu’on eut là est quasi impossible. On s’amusa ferme jusqu’aux petites heures, puis on revint chez soin avec l’espoir d’en organiser plusieurs autres avant que l’hiver ne soit complètement disparu.
La crémaillère, tout comme les «sucres», sont des sources de réjouissances que tous, vieux comme jeunes, affectionnent chèrement.
La Patrie (Montréal), 7 février 1908.