Les veillées simplement pour jaser
Hier. à la mi-journée, à l’occasion du dîner annuel de l’Association des retraités de la Société Radio-Canada de Québec, je devais y aller d’une brève allocution, entre le mets principal et le dessert, sur le thème «L’hiver d’antan, une saison de réjouissances».
Il me faut dire que me retrouver avec les créatrices et créateurs de Radio-Canada, c’est à chaque fois être en famille tant j’ai vécu de moments depuis le premier avec Andréanne Lafond et Pierre Duceppe en 1971.
J’achevais mon court propos par les veillées, les soirs d’hiver. Veillées de danse. Veillées de chants. Veillées de contes. Ou veillées simplement pour jaser. Et j’allais me rassoir après ce paragraphe de mon livre Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent :
Mais les soirées ne sont pas toutes trépidantes. Souvent on se réunit simplement pour «jaser», «placoter». En ce cas, il n’y a pas de repas. Les invités s’amènent de bonne heure après le souper. «Ce soir, ce seront les Bouffard, les Baillargeon, les Gagnon; un autre soir, les Lemelin, les Roy et les Dion.» Les femmes apportent leur tricot. Le père répare une paire de bottes. Le poêle chauffe à plein. On fume une pipe. On commente les derniers événements: les grands froids des derniers jours, la maladie du père Lapierre, le mariage du petit Laliberté, l’incendie de la grange de Jos Breton. «Il va bien falloir faire un “bi” pour le r’bâtir!» Un fort vent de «noroua» se plaint dans la cheminée. «Une p’tite partie d’cartes, Madame Côté?» Et la mère tire la table, approche la chandelle, prend place pour jouer au quatre-sept, à la crêpe, au gros-major ou à la brisque. Malheur à elle si elle fait «vilaine» ou «capot»; le fils à Antoine lui «renotera». Deux autres sortent le jeu de dames. Et la veillée se passe ainsi, beaucoup plus calme que les précédentes.
Merci à Françoise Lord et à son équipe de l’association pour cette bien sympathique invitation.