Les feux follets, croit-on, font partie du monde hors de l’ordinaire, du domaine du paranormal
Mais Le Sorelois du 11 novembre 1884 en a marre. Il est temps de mettre, poliment, un terme à cette croyance populaire à leur sujet.
Nos légendes canadiennes parlent souvent des feux follets qui paraissent avoir été la cause de bien grandes émotions au temps jadis.
Comme ces récits sont toujours en vogue dans nos campagnes et que plusieurs ignorent à quoi s’en tenir, nous croyons intéresser nos lecteurs en leur donnant des explications qui leur feront comprendre que ces feux étaient tout à fait inoffensifs.
Si nos ancêtres en eurent si grande frayeur, c’est dû à plusieurs causes, dont l’ignorance est la principale. Des feux follets, leur imagination aidant, ils en vinrent à voir des esprits follets. Mais ces êtres fantastiques n’ont jamais existé ailleurs que dans leur imagination.
L’instruction a fait disparaître les causes. Il n’en reste plus que la tradition transmise d’une génération à l’autre, et dont le récit fait encore le charme des longues soirées d’hiver à la campagne.
Le feu follet est une petite flamme bleuâtre, produite par la combustion d’un gaz qui se dégage des endroits où se décomposent des matières végétales ou animales; on peut en voir surtout dans les marais et les cimetières.
Cette flamme légère est le jouet du vent; le courant d’air produit par le voyageur entraîne le feu follet, qui le suit ou le précède, suivant que le voyageur veut le fuir ou l’atteindre. Voilà les seules causes de toutes les histoires du temps passé qui sont parvenues jusqu’à nous.
Comme je l’écris à un ami : texte bien simple, très clair et fort éloquent. Remontant à 1884. Le manque d’instruction ajouté au pouvoir de l’imagination. Ce pourrait être un papier dans nos grands journaux du monde.
Article aussi reproduit dans Le Monde illustré du 7 mars 1885.
La représentation de feu follet par Ogita Ansei, vers 1687, apparaît sur la page Wikipédia consacrée au feu follet.