Des mots étonnants, complètement perdus depuis
Dépouillant la presse québécoise ancienne, il arrive parfois qu’on tombe sur de bien anciens mots de la langue française, des mots à l’agonie.
Ils obligent à courir au dictionnaire et à les épingler pour qu’ils ne disparaissent pas à jamais. Qui, par exemple, se souvient aujourd’hui du mot «GUIGNON» ?
À Saint-Jean-sur-Richelieu, dans ses nouvelles locales, édition du 7 septembre 1894, l’hebdomadaire Le Canada français écrit tout bonnement :
Le guignon en a voulu aux vitrines de la rue Richelieu cette semaine, dont trois on été brisées par accident ou autrement. Ce sont celles de MM. Victor Mailloux, C. Bessette et J. E, Hébert. Ce sont des vitres très dispendieuses valant de 30 à 40 piastres chacune.
Imaginez, Le Petit Robert (2007) nous dit que «guignon» remonte au 12e siècle ! Il fut bien sûr dans le bateau, apporté de France par les 10 000 arrivés pour prendre racine sur les rives du Saint-Laurent. Viendrait de guigner, regarder de côté, ou de travers. Robert le dit familier et vieilli, et le définit par «Mauvaise chance persistante». Baudelaire y eut recours.
Salut, si cher familier et vieilli ! Sache que, malheureusement, ce n’est pas l’Office québécois de la langue française qui fera ta promotion, vieil héritage que tu es. Tu n’appartiens pas au français dit «international».
Selon Littré, c’est« guigner» qui remonte au douzième siècle. «Guignon» vient effectivement du verbe «guigner» et le mot est attesté depuis le XVI siècle. C’est pas rien.
On dit aussi «avoir la guigne», toujours selon la même source
Littré, Émile. Dictionnaire de la langue française. Paris, L. Hachette, 1873-1874. Édition en ligne
Merci beaucoup, chère Christiane !