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Naviguer en eau libre grâce au pont de glace en amont

brise-glace montcalm

Dans la région de Québec, en 1905, on connaît bien les comportements du fleuve en hiver. On sait que, lorsque le pont de glace se forme à la hauteur de Cap-Rouge, on pourra naviguer en eau claire entre les villes de Québec et Lévis.

Aussi la compagnie des bateaux-passeurs est mécontente de voir arriver le nouveau brise-glace Montcalm, venu tenter de démolir ce pont de glace qui vient de se former devant la petite communauté de Cap-Rouge. Le correspondant de La Patrie, édition du 10 janvier 1905, raconte :

Le pont de glace est solide au Cap-Rouge depuis deux jours. Le «Montcalm» travaille en ce moment à le briser, mais n’a pas encore réussi.

La compagnie des bateaux passeurs menace d’intenter une poursuite parce que l’accumulation des glaces est telle sur le fleuve quand un pont de glace ne se forme pas au Cap Rouge qu’il lui est impossible de faire le service auquel elle est tenue.

Quelques heures plus tard, toujours dans la même édition de La Patrie, le correspondant exulte.

Le brise-glace du gouvernement, le «Montcalm», n’a pu réussir à empêcher le pont de glace de se former au Cap Rouge. Il a dû retourner à Québec, et se consacrer à une plus facile besogne.

Le pont est pris solidement pour le reste de l’hiver. Les cités de Québec et de Lévis ne sont pas fâchées, car, en tenant le chenal libre au Cap Rouge, on couvrait le fleuve de glace entre les deux villes, ce qui rendait la circulation des traversiers difficiles.

 Ces derniers pourront désormais donner un service régulier, comme les hivers passés.

 

Le 12 janvier, on apprend que le Quebec Daily Telegraph y met aussi du sien :

Le «Daily télégraph» publie un virulent article contre la démolition du pont de glace au Cap Rouge, ce qui cause des inconvénients sérieux à la circulation et au trafic à Québec, simplement pour essayer de donner à Montréal trois ou quatre jours de navigation de plus au printemps.

Le «Daily Telegraph» demande que la comédie du «Montcalm» cesse, parce qu’elle est inutile et qu’elle coûte cher.

La Patrie, 12 janvier 1905.

 

Toujours le 12 janvier, le correspondant de La Patrie à Québec ajoute :

Les essais infructueux du «Montcalm» de briser la glace au Cap Rouge font le thème de toutes les conversations.

L’insuccès était prévu du reste; mais il était bon qu’une expérience se fît. Les gens, qui ont quelqu’expérience du fleuve et de la saison d’hiver ici, sont d’avis que le brise-glace ne devrait opérer qu’à la fin de mars au commencement d’avril, que tous les efforts devraient tendre à immobiliser la glace du haut du fleuve, dès les premiers mois, en favorisant la formation d’un pont de glace au Cap Rouge, ce qui empêcherait l’empilement de la glace à ce point-là, à des profondeurs variant de 30, 40 et même 80 pieds.

La carte postale du brise-glace Montcalm en cale-sèche à Lévis vers 1910 fait partie de la collection du Musée McCord.

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