Un bain dans l’eau glacée, ça vous dirait ?
La vignette que nous publions ci-haut représente un bain pris dans la glace en pleine rivière, l’hiver, par un homme de la noblesse russe.
L’eau n’est pas chaude l’hiver en Russie, dans les fleuves. Et l’on se demande comment il se peut faire qu’un chrétien songe à s’y baigner.
Nous avons connu un homme qui est mort à 83 ans, et qui dans ses excursions de chasse se roulait dans la neige. Cet homme était feu le colonel Rhodes. Jusqu’à la dernière heure de sa vie, il marcha droit comme une barre de fer.
Tous les médecins ne sont pas du même avis au sujet de la manière dont les bains doivent être pris. Les uns redoutent les bains froids, d’autres les recommandent.
Les bains, comme la plupart des choses de ce monde, n’ont pas de règle fixe. Ils doivent forcément dépendre de la force physique, de l’entraînement, des habitudes.
Nos pères ne se baignaient pas souvent et cependant ils vivaient très vieux. Il est vrai qu’ils vivaient à la campagne où il y a du bon air en abondance.
Dans beaucoup de manufactures bien organisées, il y a des bains dont le personnel a le droit de se servir.
Il est certain qu’un bain froid, ou modérément froid au moins, est un facteur puissant de santé chez ceux qui peuvent s’y plonger et qui ont contracté cette habitude à bonne heure dans la vie.
Autrefois, dans nos collèges, l’usage des bains était inconnu. Une amélioration sérieuse s’est produite. Presque toutes nos institutions sont pourvues de bains.
Un esprit net dans un corps net : mens sana in corpore sano. Tel est le programme des Jésuites.
Il est difficile d’avoir des bains dans les campagnes, où il n’y a pas de système d’aqueduc.
En France, l’on a des bains portatifs. Ils coûtent bon marché et sont d’un usage facile.
Montréal et les autres grandes villes devraient avoir plus de bains publics auxquels la population aurait accès à bon marché, sinon gratuitement.
Nous ne conseillons pas à nos lecteurs d’imiter le Noble Russe qui se baigne dans les fleuves couverts de glace. Mais nous disons qu’il faut se laver. Baignons-nous quelque part !
La Patrie (Montréal), 8 janvier 1904.