Du temps où des astéroïdes ont fait bouillir nos océans
J’aime beaucoup le journaliste scientifique Pierre Barthélémy. Voici l’homme. En ce moment, par les temps qui courent, on l’attrape au vol dans le supplément du mercredi du journal Le Monde (Paris) : «Science et médecine». À l’affût de la fine pointe en son domaine, il nous amène toujours dans des mondes insoupçonnés.
Le grand choc d’il y a 66 millions d’années, par exemple, cette météorite tombée dans la péninsule du Yucatan provoquant la disparition des dinosaures, ne fut qu’une chiquenaude, une pichenotte. La Terre a connu pire.
Appuyé sur un duo de chercheurs américains, Donald Lowe et Gary Byerly, Pierre Barthélémy nous projette en des temps beaucoup plus lointains. Il y a 3,23 et 3,29 milliards d’années, deux astéroïdes, carrément de petites planètes, sont venus cogner sévèrement notre esquif. Et ce fut si violent qu’une partie des roches «ont été purement et simplement vaporisées, transformées en nuages». Il a donc plu par la suite de minuscules billes de roches, dont on arrive à identifier la couche qu’elles ont produite.
On pense que l’atmosphère de la Terre est demeurée à plus de 500 degrés C pendant quelques semaines et au-dessus du point d’ébullition de l’eau durant plus d’un an.
Les scientifiques croient «que la couche supérieure des océans a ensuite momentanément disparu, tout simplement parce que, en raison de la chaleur intense régnant à la surface de notre planète après l’impact, les mers bouillaient et s’évaporaient !»
«Si la vie a perduré malgré les conditions dantesques de ce scénario d’apocalypse, c’est évidemment parce que les bactéries qui la constituaient étaient à l’abri dans les eaux océaniques plus profondes.» J’aime savoir que ces précieuses porteuses de vies diversifiées à venir, qui nous mèneront jusqu’aux vivants d’aujourd’hui, étaient cachées quelque part, dans des lieux lointains. Nous étions ainsi protégés.
Les images, celle du haut de Don Davis, une vue d’artiste, et celle du bas, aux billes de roches, de D. Lowe, proviennent du billet de Pierre Barthélémy.