Que ferions-nous sans la lumière, le soir venu ?
Vous ne vous êtes jamais posé la question ? Ce billet d’un anonyme dans La Gazette de Joliette du 17 mai 1881 me ramène encore cette interrogation.
Longtemps l’huile a servi, presque seule, à l’éclairage; des lampes de toutes les formes la recevaient et la reçoivent encore; une mèche allumée qui y trempe donne la clarté.
Ensuite, on employa la cire et le suif, qui servent pour les bougies et les chandelles.
Ainsi l’homme au lieu de se coucher et de s’endormir comme les animaux, dès que le soleil se couche et disparaît, a pu veiller et travailler encore, et par ce moyen prolonger sa vie qui est si courte.
Que ferions-nous pendant les longues nuits d’hiver, si nous ne pouvons pas produire et entretenir à peu de frais une clarté commode, qui permet aux femmes de coudre, de filer, de tricoter; aux hommes de lire, d’étudier et de continuer leur métier du jour ? Que deviendraient les agréables veillées, les réunions en famille autour de la lampe ou de la chandelle ?
On ne s’en est pas tenu à l’huile, à la cire, au suif; si on les emploie encore dans les maisons, l’éclairage public des rues, des magasins, se fait par le moyen du gaz, dont la lumière est beaucoup plus vive et plus économique, mais qui ne peut se produire qu’en grand.
Qui sait si cette lumière, qui fut un si beau progrès, ne sera pas remplacée un jour par la lumière électrique, qui jette un éclat bien plus grand encore ? Malheureusement, jusqu’ici l’on n’a pu découvrir un procédé civil pour l’employer. Mais, à force de travail et de recherche, l’homme parviendra sans doute à en trouver un. C’est ainsi que tout s’améliore à mesure que se propagent les lumières, et que s’étend le domaine de la science.
L’image de ce jeune lecteur heureux de pouvoir lire à la lumière est tirée du livre Je me renseigne sur l’hiver de Martha et Charles Shapp, illustrations de Laszlo Roth, adapté en français par André Saint-Pierre, Montréal, Grolier Ltée, 1966.