Printemps de soubresauts et de caprices
Un poète, qui signe simplement Petit Courrier, se sentait l’âme à parler du printemps québécois. Il propose ses vers au journal Le Progrès du Golfe, qui les publie le 24 avril 1908.
Le printemps qui commence aux enfants est pareil :
Les rires avec les pleurs alternent à son réveil.
La température folichonne des derniers jours s’est plu (sans jeu de mots) à donner cent fois raison au poète. Comme disait un autre rimeur encore tout pétri des expressions propres à l’hiver :
La saison est effroyable.
Il pleut à fendre du bois !
Et le même — un vieux sans doute pour lequel les temps passés avaient seul du bon et du beau — parle avec émotion du printemps de jadis :
* * *
Il arrivait sans secousse.
Et que le geste était beau !
Il vous posait sa main douce
Sur le cœur et le cerveau.
* * *
Tout aussitôt, la pensée,
Éprise de renouveau,
Changeait, ainsi caressée,
Pour ainsi dire, de peau.
* * *
Pendant ces mois de délire,
Tous les vers, dormant au sein
Voluptueux de la Lyre,
S‘éveillaient comme un essaim.
Un printemps qui arrivait sans secousse…. il n’a jamais été du pays, celui-là. Les nôtres se sont toujours faits remarquer par des soubresauts, des caprices et des inconséquences.
Le printemps américain, à ses débuts s’entend, est d’une variété qui fait la fortune des pharmaciens et des esculapes.
L’image est extraite de L’Opinion publique du 15 juillet 1880. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Pluie».
C’est si beau; comme ce serait bien d’en faire un petit recueil de vers retrouvés. Ils ne prennent aucune poussière, sinon une belle patine qui les rends encore plus doux.
C’est drôle, votre proposition. À chaque fois que je retrouve dans la presse ancienne un de ces élans du cœur, qui n’ont plus d’existence autrement que dans ces papiers lointains, l’idée me vient. Mais quel éditeur accepterait de se lancer dans une pareille petite publication ? L’heure n’est plus guère au papier. Gutenberg commence à se faire vieux.
Excusez moi de revenir encore sur le thème du recueil de poésie mais je pensais tout à coup à la forme que Félix Leclerc a donné à son «Calepin d’un flâneur», petite bible que j’ai toujours en poche, ou plutôt, dans mon coffre à gants.
J’aime beaucoup de Calepin du flâneur de Félix. Je possède toujours l’édition originale.