Sont-ce les jeteux de sorts qui font encore des leurs ?
Qu’arrive-t-il donc à Pit Laquerre de Sainte-Anne-de-la-Pérade ? Viendra-t-il enfin à bout de ses malheurs ? Le correspondant de La Patrie dans cette paroisse raconte ce qui se passe le 8 avril 1908.
Les vieux affirment que les «jeteurs de sorts» ont existé et existent encore.
Les «jeteurs de sorts» ont leur histoire — terrible parfois — tout comme les loups-garous, les feux-follets, la chasse-galerie…
La génération présente, un peu moins naïve peut-être que les générations précédentes, prétend que toutes ces histoires-là sont des contes à faire dormir debout.
Est-ce le cas ?
Néanmoins, personne ici ne conteste le fait que, depuis plusieurs années, un de nos estimés cultivateurs, M. Pit Laquerre, est victime d’une étrange et malheureuse fatalité, si nous pouvons nous exprimer ainsi.
Chaque année, à peu près à la même époque, quelques-uns de ses animaux meurent. Ils meurent, comme cela, tout d’un coup, sans cause apparente de maladie. Plus que cela, ils meurent quelquefois d’une façon très singulière.
Ainsi, il y a quelques années, ses porcs étaient frappés d’une manie… mortelle. À un moment donné, ces pauvres porcs, soudain, se mettaient à fouiller rageusement la terre, faisaient trois ou quatre bonds et tombaient morts.
Une autre année, ce fut le tour des poules, puis le tour d’autres animaux de ferme.
Cette année, ce sont les chevaux qui sont frappés.
Un soir, M. Laquerre, après avoir fait le tour de son écurie, se préparait à sortir de son étable, lorsque, derrière lui, il entendit hennir un de ses chevaux. En même temps, le cheval s’abattait mort raide.
M. Laquerre en fut tout simplement ahuri, abasourdi.
Et il y a de quoi.
Ce qui arrive chez M. Laquerre n’arrive pas chez ses voisins.
Et remarquez que les pertes sont considérables, car M. Laquerre possède cette année — comme toujours d’ailleurs — des chevaux de prix.
Comme expliquer cette étrange fatalité, s’acharnant depuis des années sur un seul homme ?
M. Laquerre est-il victime des «jeteurs de sorts» ?
C’est ce que répètent certains de nos bons campagnards.
L’image provient de la galerie de photographies du site de la municipalité de Sainte-Anne-de-la-Pérade.
Sur la chasse-galerie, voir ces billets où il en est fait mention.