Incendie funeste à Hull
La ville québécoise de Hull, en bordure de l’Outaouais, la frontière avec l’Ontario, fut maintes fois éprouvée par le feu. Celui du printemps 1880, où 800 maisons y passèrent, en est un bien triste selon Le Canadien du 22 avril.
Dans ces circonstances ordinaires, une conflagration qui ravage la presque totalité d’un ville ou d’un centre populeux est un tragique événement qui laisse une profonde et pénible impression. Mais le tableau est plus navrant, plus désolant, lorsque l’on songe que l’incendie réduit en cendres les pauvres demeures d’une population victime d’un état voisin de la misère, et victime plus que tout autre peut-être de la stagnation des affaires.
Ce qui précède s’applique avec une poignante actualité à la ville de Hull que le feu vient de ravager d’une manière terrible. Habitée par des ouvriers gagnant de quoi à subvenir à l’entretien de leur famille dans les moulins à scie situés dans cette ville, Hull avait été le théâtre de beaucoup de privations au sein de la population ouvrière depuis que le commerce du bois est tombé dans une stagnation désespérante.
Des centaines de familles qui vivaient à l’aise autrefois se trouvaient depuis quelques années dans la gêne la plus extrême parce que le commerce de bois, principale source de gain de cette localité, n’existait presque plus. On comprend par cette courte esquisse combien cruelle est l’épreuve qui vient de fondre sur nos compatriotes de Hull.
Leur ville réduite en cendres, plusieurs pertes de vie, 4,000 personnes ruinées totalement et sans autre abri que celui qui leur sera donné par la générosité publique, telle est en quelques mots l’œuvre de désolation accomplie en quelques heures par le terrible élément. […]
Les rues de Hull sont très étroites, on devrait plutôt dire que ce sont de petites ruelles, et la circulation au milieu d’un désastre pareil devait être sinon impossible, du moins très difficile, ce qui nous porte à croire que le nombre des accidents doit être considérable.
On avait toujours beaucoup craint un incendie général. Malheureusement les craintes de la population se sont réalisées d’une manière terrible.
La gravure de l’incendie de Hull en 1880 fut reproduite dans L’Opinion publique du 13 mai 1880. On la retrouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec au descripteur «Incendies».