«Mars est irrité»
Voilà une nouvelle tempête au sujet de laquelle les journaux ne peuvent demeurer silencieux. D’abord le quotidien montréalais La Patrie, du 16 mars 1900 :
Mars est irrité. Encore une tempête qui paralyse le trafic de la ville et de la campagne. Encore une bonne petite tempête de neige qui a servi à embarrasser les grandes compagnies de chemins de fer et à entraver la circulation dans nos rues.
Pour les travailleurs de Montréal, ces changements subits de température constituent une véritable aubaine. Des milliers de charretiers et de pelleteurs de neige ont de l’ouvrage continuellement depuis plusieurs semaines.
À nos gares, plusieurs convois retardés par la neige sont arrivés plusieurs heures après le temps fixé par l’horaire. À la station de la rue Windsor, le convoi de Boston était de quatre heures en retard; celui de St-Paul, 2.30 hrs; celui de Halifax, 2.20 hrs, et celui de New-York, 1 heure.
À la gare Bonaventure, le Delaware & Hudson avait 4 heures de retard; le Central Vermont, N. Y., 4 heures. Plusieurs autres trains ont été retardés une heure au moins.
Les officiers des compagnies sont sous l’impression qu’il suffira de quelques heures pour déblayer la voie et demain, disent-ils, le trafic régulier sera rentré dans l’ordre.
Vankleek Hill. Fortes neige et poudrerie.
Mégantic. Il neige légèrement depuis ce matin.
Québec. Fortes neige et poudrerie.
Brockville, Ont. Forte chute de neige, temps calme.
Kingston, Ont. Il neige légèrement ici.
Prescott, Ont. Forte tempête de neige
Cornwall, Ont. Forte chute de neige, peu de vent.
St-Jean, N.-B. Fort grésil ici.
À Saint-Hilaire, en Montérégie, le chroniqueur du Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu) se fait plutôt poète, le 16 mars 1900 : La neige, qui est tombée ces jours derniers et qui s’est accolée aux arbres, offrait un spectacle des plus charmants ce matin pour un œil d’artiste.
À Québec, selon La Presse du 16 mars 1900, les résidents de la petite rue Sous-le-Cap, eux, n’entendent pas à rire :
Nous en sommes à la troisième tempête de neige depuis le commencement de mars. Il en est tombé une quinzaine de pouces depuis la nuit dernière. Détail singulier : depuis la première tempête, les habitants de la rue Sous le Cap ne pouvaient sortir de leur résidence que par les fenêtres du second étage. Toute cette semaine, on travailla à l’enlèvement de la neige, et voilà que cette rue est de nouveau remplie.