Parlons pelouse
Parfois, des citadins comme moi me demandent Pourquoi tondre la pelouse lorsqu’on habite une maison de campagne? Pourquoi ne pas tout laisser monter en foin lorsqu’on vit dans un milieu de liberté ?
Je préfère la tonte aux herbes hautes, au foin. Je sais, il faut s’y mettre une quinzaine de fois, bien comptées, de la mi-mai à la mi-octobre. Parfois, pour être franc, ça tient du châtiment. Au temps des insectes piqueurs, par exemple, cherchant à vous dévorer comme un morceau de gâteau, offert soudain avec l’espérance d’un délice. Quêtant rapidement le moindre petit morceau que vous avez à découvert. Vous entrant même dans le nez, la bouche et les oreilles. Mais ça ne dure qu’un temps, quelques semaines.
Et puis, avez-vous déjà passé ces six mois de l’année, beau temps mauvais temps, avec des bottes de caoutchouc au pied, toujours mouillées à cause des herbes hautes ?
Sans compter que c’est si beau aussi la pelouse tondue.
Et puis, arriverai-je à vous dire le bonheur de voir apparaître, à peu près immédiatement le travail fait, notre cher Merle d’Amérique (Turdus migratorius, American robin), venu attraper sa pitance ? Véritable récompense. Comme si ce bel oiseau s’amenait remercier du labeur. La joie donnée tout de suite.
Allez, je m’absente, le temps du jour, pour la tonte. Je m’en vais suer. Peut-être aussi me colleter avec les mouches. Mais prendre tellement plaisir à voir apparaître soudain notre cher merle. Je l’espère. Il sera là, j’en suis certain.
Je ne vous oublie pas.
C’ est votre coin de paradis Mr. Provencher ? Magnifique, que c’ est beau la campagne et si appaisant de s’ y retrouver les pieds dans l’ herbe fraichement couper et l’ odeur , l’ odeur !!! Un mélange de foin d’ eau de terre on en mangerait comme le merle, ce roi des pelouses dressé sur ses pattes, bien appuié sur sa queue, un très bel oiseau. Merci pour les photos c’ est d’ une beauté.
Davantage qu’un coin de paradis, Monsieur Yves, ce lieu est mon laboratoire. Oui, la pelouse tondue autour de la maison, devant la grange et dans le vieux verger, mais tout le reste est en friche, en fardoche. J’essaie d’intervenir le moins possible. Je laisse cet endroit aux autres êtres qui, parfois, c’est certain, vivent les uns au dépens des autres. Je m’attache aux manifestations naturelles. À ce qui tient des rythmes, des cycles. J’observe les floraisons et les éclosions, le départ ou le retour des oiseaux. Ces phénomènes, je prends plaisir à les noter, à les voir se répéter. Je cherche à comprendre quels sont les liens qui les unissent, de quelle mystérieuse géométrie ils nous livrent le secret. Bien sûr, je souhaite ainsi trouver des constantes, esquisser certaines lois premières.