Et voilà ma grange-étable qui tire sa révérence
Malgré ses 94 ans, elle était toujours bien présente dans les images. Je n’étais pas sur les lieux lors de l’événement. Mais son grand cri de fracas devait sûrement être, pour une dernière fois, un hommage à la vie.
Curieuses, une dizaine de Mésanges à tête noire se promenaient par petits bonds dans les décombres. Un nouvel espace à connaître. Ces petits oiseaux me confortaient.
Habituellement, à chaque hiver, on connaissait de courtes périodes de redoux qui permettaient au toit de ma grange, en pente, de se vider de sa neige accumulée. Mais, cette fois-ci, jamais le grand froid ne s’est discontinué depuis décembre, si bien qu’il a gagné sur moi et a emporté ma grange, ce lieu de vie.
Pour en savoir davantage, voir ces billets.
Triste, quand même. J’ai enlevé la neige sur le toit de la mienne. Quoique plus petite et peut-être moins vieille, je pense l’aider un peu !
J’ai toujours la même admiration et éprouve de la nostalgie pour ces édifices du passé qui font partie de notre paysage, mais qui sont de plus en plus rares.
Vous savez sans doutes que l’on peut faire fortune aujourd’hui avec leur planches qui sont très tendance dans les résidences urbaines.
Merci, Monsieur Senécal. Mais un grand ami cherchait justement du bois de grange. Alors je suis heureux, fort heureux, que ce bois lui serve très bientôt.
Triste, oui. Pour la vie que j’y ai toujours retrouvée, de nombreuses bêtes la fréquentaient. Et mes enfants y ont tellement pris plaisir.
Mais voilà. Tout va, tout s’en va. Avec le temps. Ferré n’a jamais si bien dit. Faut maintenant que j’en fasse mon deuil. Mais quelle absence dans mon espace. Dans les semaines qui viennent, j’observerai comment vieillit un lieu effondré. Je sais que sous le plancher de la batterie, dans la terre, des bêtes hibernent en ce moment. Il va leur falloir trouver bientôt la sortie.
Ainsi la chatte se peigne.
Oh làlà… Je reste sans voix devant un tel spectacle désolant, triste à pleurer… Heureusement, le bois sera récupéré par de bonnes mains… et je note une touche du cheminement de deuil que vous avez rapidement enclenché, sage homme que vous êtes. « Dans les semaines qui viennent, j’observerai comment vieillit un lieu effondré. » L’art de trouver un intérêt et un apprentissage dans tout ce qui survient. Même douloureux.
Cela fait un bien grand trou dans mon paysage.
Sur fond de ciel bleu, des graffitis auraient envie de s’arrêter pour pleurer !
Merci, Ode, merci beaucoup. Mon milieu s’en trouve beaucoup appauvri. Un deuil bien bizarre à faire, car cette vieille grange était encore un milieu de vie, par les bêtes — les mammifères, les oiseaux, les insectes qui l’habitaient. Elle nourrissait ma vie. Fort étrange ce deuil.
Il va falloir que j’apprenne à apprivoiser pas à pas sa fin. Mais je veux d’abord observer comment la vie qui m’entoure va l’occuper, cela me réjouirait.
Elle comptait tellement. Ce n’est pas banal.
Pour la suivre, je viens de créer dans la catégorie «La nature» à droite, une sous-catégorie «Grange effondrée». Je veux qu’elle puisse continuer à témoigner. Les visiteurs sur le site, non intéressés, n’auront alors qu’à passer tout droit lorsqu’elle réapparaîtra.
Les logis ont une âme.
Il m’aurait fallu dire » Des graffitis s’arrêtent pour pleurer ». Ce fut plus juste !
94 ans de vie, mais pas tout ce temps avec toi, tu es trop jeune !
Quand même ! Je peux comprendre la peine que ça laisse en dedans ! Le vide autour du vide ! Le deuil !