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Jeune homme, songez-vous à vous inscrire à l’école de parapluie ?

Bien oui, que faites-vous du raffinement ? La galanterie pour ces dames. La Tribune, de Saint-Hyacinthe, du 3 avril 1891, vous annonce l’ouverture prochaine d’une «école de parapluie».

La rumeur dit qu’il est sur le point de se fonder une école dont le but est d’enseigner aux jeunes gens comment ils doivent porter le parapluie au-dessus de la tête d’une demoiselle.

La nécessité d’une pareille institution se faisait sentir depuis longtemps dans la métropole. Le printemps canadien, avec son cortège de pluie, de grésil, de grêle et de neige, en démontre absolument l’urgence. C’est pourquoi une école de parapluie vient de s’ouvrir parmi nous. Un comité composé de dames de la haute société — des veuves et des débutantes — a formulé un code de règlements qui constitueront l’A B C de l’école. Ces règlements sont les suivants :

Assurez-vous que le parapluie est complètement déployé avant de franchir le seuil d’une maison ou d’un char du tramway.

Rien n’exaspère plus une femme que de marcher sous une pluie battante pendant que son escorte se débat avec le dôme de soie ou d’alpaca.

Lorsque le riflard aura été levé, tenez-le ni à droite, ni à gauche, ni en avant, ni en arrière, mais directement au-dessus du chapeau de la femme.

Voyez à ce que le parapluie ne soit pas assez en avant pour que les baleines de l’arrière laissent couler l’eau sur les épaules. Il ne faut pas par contre le tenir assez en arrière pour que l’eau s’échappe sur son chignon ou sa figure.

Ne donnez jamais votre bras à une demoiselle pendant que vous portez un parapluie. Elle a besoin de ses mains pour retrousser ses jupes et de plus vous ne pouvez jamais tenir votre riflard dans une position convenable.

Ne vous occupez pas de votre chapeau, quand même ce serait un chapeau de soie, et ne vous souciez pas non plus de vos yeux; toute votre attention doit être concentrée sur la protection de la femme contre la pluie.

Si les éléments sont déchaînés dans toutes les directions et si la pluie descend de toutes parts, si les nuages laissent tomber l’eau par torrents, du nord, du sud, de l’est et de l’ouest, renoncez l’idée de mettre la robe de la femme à l’abri, et épuisez des trésors d’énergie pour protéger sa frisure.

Tenez sa frisure à sec à tout prix, dussiez-vous mettre sa tête à couvert sous la collerette de votre pardessus. N’oubliez pas qu’une femme mouillée et trempée jusqu’aux os avec une jolie frisure vaut mieux qu’une autre qui est sèche, mais avec une chevelure aux boucles effiloquées, flasques et désordonnées.

 

L’illustration provient de l’ouvrage des Sœurs de Sainte-Croix, Cours pratique de dessin d’observation aux maîtres de l’école primaire canadienne, Saint-Laurent, 1928.

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