Quelle soirée de Noël du côté de Lévis !
Le quotidien de Québec, Le Canadien, du 30 décembre 1889, raconte.
La soirée de Noël n’était décidément pas favorable à ceux qui voulaient festoyer, à en juger par ce que nous avons déjà publié et par les lignes suivantes que nous empruntons au Quotidien, de Lévis.
Il y a quelques jours, dit notre confrère, quelques jeunes gens avaient organisé une soirée dansante qui devait avoir lieu pendant les fêtes, dans une bâtisse située en dehors de la ville. Le jour de Noël au soir, date fixée pour la fête, un bon nombre de jeunes gens, accompagnés de jeunes filles, se rendirent à l’endroit où devait se donner le bal, se promettant d’avance de bien s’amuser et de passer cette soirée le plus agréablement possible.
D’abord, tout alla bien, un vin généreux coulait dans les coupes, les cervelles commençaient à s’échauffer, et de fréquentes libations avaient délié la langue des plus timides, quand, tout à coup, au moment où l’on s’approchait de table, de sourds grondements semblables au bruit du tonnerre retentirent sous les voûtes; dans le lointain des cris, des hurlements horribles se firent entendre, des bruits sinistres et produits par des êtres invisibles firent dresser les cheveux sur la tête des assistants terrifiés; pendant quelques instants, ce fut un brouhaha, une mêlée indescriptible, les filles perdaient connaissance, et chacun croyait voir apparaître sa Majesté Satanique accompagnée d’une troupe de démons.
La peur, une peur horrible, avait envahi tout le monde, personne n’avait la force de fuir, leurs jambes comme paralysées leur refusaient tout service. Après un certain temps, pendant lequel des signes diaboliques se manifestèrent presque sans interruption, un silence encore plus sinistre que le tapage infernal qui venait d’avoir lieu s’établit soudain.
Comme on le pense, on ne songea plus au plaisir pour cette nuit néfaste, que personne n’oubliera; et plus mort que vif, on s’empressa de déguerpir de ce lieu maudit, sans tourner la tête, en proie à toutes les angoisses les plus épouvantables.