Lettres au Père Noël
Dans l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré, le chroniqueur Gaston-P. Labat (1843-1908) raconte :
À côté du babil des enfants et du bavardage des moineaux, deux choses que j’aime beaucoup, il est une autre chose qui me plaît énormément. C’est quand l’enfant commence à tracer les premiers mots de l’écriture. Là, il s’applique, tire sa langue, dit franchement ce qu’il pense et se croit déjà homme.
Je n’en veux pour preuve que ces quelques lettres d’enfants adressées par eux à Santa Claus. Moins une, écrite par le fils d’un de mes amis qui habite la France, enfant de neuf ans, les trois lettres ci-dessous sont d’enfants âgés de cinq à six ans, qui m’ont prié de les mettre à la poste. Quoique je les visse, ils écrivaient en cachette, tout comme un amoureux écrivant à son amoureuse. Vous allez voir comme cela est charmant, naïf, vrai, sincère, touchant, et comme on y voit le cœur, le caractère et le tempérament de ces petites intelligences. Et d’abord, celle de mon petit Français qui se termine comme suit : «J’espère bien, mon grand ami, qu’il fera moins froid cette année, dans le pays que vous habitez, que l’année dernière, car les petits enfants y seraient trop malheureux et Dieu ne le voudrait pas.» Cela dénote un bon cœur.
Voici maintenant les trois lettres adressées par trois enfants à Santa Claus.
Santa Claus,
Apportez-moi un cheval avec un homme sur son dos, une pelle pour la neige, des bonbons, des prunes, des oranges, un fusil, un grand sabre et un tambour.
Jean
Ça, c’est un petit Canadien qui sera un jour soldat.
Cher Santa Claus,
Je voudrais bien une poupée pour moi et un bébé pour remplacer petit frère qui est mort.
Marie
On voit par là que la femme sera toujours femme.
Enfin, voici la dernière que je laisse aux lecteurs le soin d’apprécier, et à Santa Claus d’exaucer s’il le juge à propos. Elle est en anglais et vient d’un Anglais :
Canty,
Bring me a dress of cowboy, rubbers, mits, a revolver ans a cash box.
Schylock
Ou je me trompe fort, ou ce gamin là ira fort loin ou fort haut…
un hebdomadaire montréalais et tous emploient le terme santa claus plutôt que père noêl. étais-ce alors l’usage courant chez les canadiens français ?
À ce moment, chère Vous, c’est à peine si on commençait à franciser l’appellation, qui prendra place vraiment au 20e siècle.