Dans une maison de campagne, dans un rang, par un soir d’hiver, une coccinelle heureuse sur une pomme
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Mais d’où tenez-vous que cette coccinelle est heureuse, demanda Yün-men, ? Simplement du viseur de mon appareil photo, répondit Jean. (les noms des personnages sont fictifs, inspiré de Simon Leys).
Monsieur Bélanger, sachez que ces coccinelles sont asiatiques, apportées par les États-Unis qui se croyaient géniaux en 1989. Or, ces coccinelles ne meurent pas à l’automne et elles cherchent refuge pour être capables de traverser l’hiver, en espérant des pucerons à bouffer, comme en été et en automne.
Elles prennent donc d’assaut nos maisons anciennes (et j’allais écrire ouvertes aux quatre vents) pour passer l’hiver. Dans ces maisons, il y a bien des souris à l’occasion, des dermestes du lard, des papillons à mites, etc., mais aucun puceron. Alors ces « pauvres » coccinelles se rabattent sur le sucre lorsqu’elles le peuvent, espérant en avoir assez pour tout l’hiver. Mais ces vieilles maisons sont aussi pauvres en sucre qu’en pucerons. Tout de même, pourquoi ne pas tenter de se nourrir d’une pomme sur une table. Mais, même là, les pauvres n’arrivent à vivre que quelques heures de plus.
Les viseurs d’appareils photos ne les rendent pas heureuses, c’est plutôt la découverte d’une pomme en qui elles mettent toute leur foi, lorsqu’elles trouvent de ces pommes.
Vous faites de la poésie, Monsieur Bélanger, peinard, les deux pieds sur le pouffe, en chaussons, près de votre poêle qui chauffe. Ces coccinelles vivent sérieusement, elles. Et, manifestement, vous n’avez jamais été dans une vie antérieure coccinelle dans une maison ancienne en plein hiver.
J’avoue que je n’avais pas pensé à l’effort continuel de cette coccinelle pour poursuivre sa vie. Une si petite bibitte peut nous donner de grandes leçons. C’est de ma chaise de bureau que je crois aussi que cette coccinelle est heureuse. Et j’espère qu’elle pourra encore goûter cette vie aujourd’hui. À vous aussi, je souhaite une très belle journée d’hiver.
Merci beaucoup, Monsieur Bélanger. Le problème de ces coccinelles qui choisissent des maisons anciennes pour traverser l’hiver vient qu’elles s’activent aussitôt qu’on chauffe le poêle. Et ce faisant, elles marchent vers la mort qui survient après quelques jours. Elles devraient plutôt se contenter d’hiberner, le pouce dans la bouche en attente du printemps, mais non la chaleur les active, les réveille. Et les voilà en quête de bouffe. Mais de la bouffe, il n’y en a pas, sauf peut-être quelques grains de sucre échappés sur la nappe de la table.
Au fil du temps, j’ai bien essayé de les convaincre de retourner dormir quelque part, que le printemps n’est pas encore là. Mais sitôt éveillée, sitôt en quête de nourriture.
Lorsqu’arrive mars, que le jour à l’extérieur est bien doux, je mets dehors celles qui s’activent en leur souhaitant bonne vie. Car elles nous sont bien utiles à l’extérieur, coureuses de pucerons qu’elles sont.
Cordiales salutations, Monsieur Bélanger.
Les beaux jours de mars arriveront bientôt. Si on pouvait les convaincre d’attendre encore un peu. Mais je les comprends, et vous connaissez mon secret, la chaleur du poêle invite à mettre ses chaussons et à faire de la poésie. Bonne journée.
Vous spécialiste du poêle qui chauffe, en chaussons tout près, à écrire de la poésie, pourquoi ne travaillez-vous pas à aider ces coccinelles qui s’éveillent trop tôt en hiver, à leur trouver un moyen de faire de la poésie à leur tour avec l’espérance de sortir bientôt à la chasse aux pucerons. Il me semble que ce serait formidable. Elles se consacreraient à l’écriture et oublieraient les pucerons pendant quelques semaines. Si elles ne peuvent se consacrer à l’écriture, vous pourriez leur apprendre à peindre, par exemple. Moi, je pourrais de mon côté travailler à vous obtenir un prix du Gouvernement du Québec pour la sauvegarde de nos coccinelles qui s’éveillent trop tôt, devenues grandes écrivaines ou incroyables peintres.
Ouf, Gros projet!!! Vous surestimez mes dons de poête et d’artiste. Ce n’est que dans la coupe du bois de chauffage que j’arrive à me débrouiller un peu. Encore quelques cordes et je pourrai peut-être débuter le « Traité du zen et de l’entretien d’une scie-à-chaine ». Mais votre proposition me fait réfléchir. Nous devrions cependant inverser les rôles: vous seriez le mentor des coccinelles et des autres vivants de l’arche et j’essaierais de vous obtenir un prix.