À ce temps-ci, on voit des feuilles tournoyer, alors que tout est très calme
L’écrivaine montréalaise Robyn Sarah l’évoque dans un bel ouvrage.
CROYANCE
Si j’étais un mot
quel mot serais-je ?
En un clin d’œil
je me verrais autant en feuille —
(du côté est de l’étang, près des saules, l’eau était si calme qu’un bateau-feuille sec et recourbé, dérivant à la surface au-dessus de son reflet parfait, ne créait pas la moindre onde, poussé ici et là par d’imperceptibles frémissements de l’air.
tout comme parfois, dans un filet d’air d’une journée presque sans vent, une feuille, jaune virevolte rapidement au bout d’une longue tige : une feuille seule, hochant sans cesse comme de son propre grée dans un arbre autrement immobile)
ce sont deux mystères
que mes yeux ont vus
qui semblent en dire long
Plus qu’un mot,
en un clin d’œil je deviendrais
une de ces feuilles
Robyn Sarah, Mes souliers me font mourir, traduction de l’anglais par Rémi Labrecque, Montréal, Édition du Noroît, 2019, p. 89.