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Et la ronde des papillons commence avec celui-ci

Il a passé l’hiver caché quelque part. On dit donc que c’est un imago.

Il s’agit du Polygone virgule (Polygonia comma, Hop merchant ou simplement Comma). Mais il est sauvage comme tout.

J’ai tant couru de l’avant à l’arrière au point où la chatte se demandait ce qui se passait. Finalement, il s’est posé quelques secondes et j’ai pu faire cette photographie.

Il fait partie de la grande famille des Nymphalidae, que j’aime bien. Dans ce groupe, on retrouve la Belle Dame qui fit un malheur par millions au cours de l’été et du début d’automne 2017. On y trouve aussi les Vanesses, le Morio et le Vulcain.

Vous trouverez un mot sur ce Polygone virgule dans ce billet.

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  1. Claude Martineau #

    Juillet dans la vallée du Yaak au Montana (extrait)

    «Les filles (N.D.L.R. les enfants de l’auteur, âgées de six et sept ans) parviennent à capturer un papillon tigré, déjà blessé lors d’une rencontre précédente, et elles décident de s’en faire un animal de compagnie pendant quelques jours. Elles le ramènent à la maison et le posent dans un vase sur des fleurs coupées – elles l’ont appelé Zoey, donc tout le monde sait que c’est une femelle (…) Pendant tout le reste de la soirée, et une bonne partie du lendemain, elle volette dans toute la maison, avec l’air si joyeux et si exubérant que certains adultes (invités pendant ces vacances) finissent par se demander : «En fait, c’est vrai, pourquoi ne pas avoir un papillon comme animal de compagnie et le laisser batifoler chez soi ? ». Quelle importance si ça laisse quelques petites traces de poudre jaune sur les carreaux de la cuisine ? Ah que c’est joli, le murmure des ailes de papillon qui voltigent le soir avant que tout le monde aille se coucher !
    Cependant, il arrive quelque chose de fâcheux à Zoey. On ne sait pas très bien quoi. À mon avis, trop d’attention ou trop de gentillesse de la part des filles. Elles ont peut-être essayé de lui confectionner une robe, ou une laisse, pour l’amener à leur petite cabane. Toujours est-il que le lendemain, Zoey passe de vie à trépas : elle se languit un moment, puis expire, avec un triste et troublant soupir qui fait songer à une star de cinéma, et la première et la plus facile des leçons est intégrée : les créatures sauvages ne sont pas faites pour la captivité. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il en existe beaucoup d’autres, autant de bases pour de futures leçons, qui s’impriment plus profondément que si nous nous étions seulement arrêtés au bord de la route pour examiner un papillon, ou une mite, collé à la calandre.
    Armés d’une pelle de jardin, nous creusons une tombe dans un carré ensoleillé de la colline, entourés de fleurs d’achillées qu’elle aimait butiner. Les filles ont passé les deux dernières heures à lui confectionner un petit cercueil, tapissant les parois en carton de bouts de rubans en velours et de photos découpées dans Nature ou Terre sauvage, et, quand le moment est venu de la descendre en terre, nous plaçons quelques fleurs autour d’elle. Mary Catherine officie avec solennité mais de façon succincte. Elle déclare : «C’était un bon papillon et elle nous manquera».
    Nous sommes une demi-douzaine autour de la tombe. Je cite l’épigraphe de Dalva, le roman de Jim Harrison, présentée comme un vieux dicton : «Nous aimions la terre, mais nous n’avons pas pu rester», puis nous rebouchons le trou à l’aide des trois pelletées d’une terre rendue grise par le soleil, et nous plantons la pierre tombale, un tesson de carreau en terre cuite sur lequel les filles ont écrit au feutre noir : «Ci-gît Zoey, un bon papillon. Qu’elle repose en paix. Elle a rendu nos jours plus beaux».
    Nous restons là quelques instants, chacun plongé dans ses pensées silencieuses».

    Rick Bass, Le journal des cinq saisons, 2009, Gallimard folio.
    Traduction de Marc Amfreville

    15 mai 2020

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