Propos sur le Bruant chanteur (Melospiza melodia, Song Sparrow)

Je dois vous dire d’abord que beaucoup d’ornithologues cherchent, attendent l’oiseau rare. Personnellement, je suis très heureux de l’oiseau qui se présente, quel qu’il soit.

Le Bruant chanteur, au vêtement discret, est important. Il est le seul depuis 44 ans maintenant dont je peux dire qu’il fut présent à chaque fois en saison. L’habitude — foutue habitude — fait qu’on en vient à l’oublier. Mais il nous rappelle à lui avec son chant répété et répété… et sa présence tout près.

Dans le premier atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, Robert Bonneau est l’auteur du texte généreux à son sujet. Extraits.

Ce bruant est un généraliste, tant en ce qui concerne son régime alimentaire que les habitats qu’il fréquente durant la saison de reproduction. Cet oiseau omnivore se nourrit de graines, de petits fruits, d’insectes et de petits vers qu’il trouve en fouillant le sol ou le bas des arbustes et des buissons. […]

Même si ce bruant n’est pas confiné à un type d’habitat très précis, il recherche néanmoins certaines caractéristiques de base. Ainsi, la végétation doit être dense et peu élevée, ou encore haute et clairsemée, et permettre le passage de la lumière, ce qui n’est pas le cas dans un sous-bois, par exemple. Dans certains habitats, de grandes plantes herbacées remplacent les arbustes et semblent combler les mêmes besoins en ce qui concerne le chant, la dominance, etc. […]

L’espèce est quasi omniprésente dans le Québec méridional. Elle fréquente cependant davantage les régions bioclimatiques du sud, fortement remodelées par les activités humaines, où l’on trouve un nombre important de champs abandonnés et de lisières issues du morcellement forestier. […]

Certains facteurs, comme le déboisement et le morcellement des forêts, favorisent l’espèce et pourraient lui permettre d’étendre son aire de répartition vers le nord. D’autres, en revanche, dont les pratiques agricoles qui réduisent ou éliminent les lisières d’arbustes en bordure des champs et le long des cours d’eau, pourraient lui être néfastes. […]

Marie-Hélène Hachey est l’auteure du texte sur le Bruant chanteur dans le second atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Elle rappelle que, comme l’oiseau habite le Canada et les États-Unis en entier, on croit que ses effectifs totalisent 130 millions d’individus. Elle ajoute :

Dans le Québec méridional, l’aire de nidification du Bruant chanteur correspond grosso modo aux zones occupées par l’homme. Les paysages agricoles semblent particulièrement bien lui convenir […]. Son abondance relative est maximale dans les Basses-terres du Saint-Laurent, là, où sa probabilité d’observation n’atteint rien de moins que 99%. […]

Bien que le Bruant chanteur semble généralement tirer profit de l’occupation humaine, certaines pratiques ont pu contribuer à sa décroissance démographique, notamment des haies brise-vent et des bosquets dans le but de maximiser les superficies cultivables. […]

Référence à l’atlas de 1995 : Robert Bonneau, « Bruant chanteur », Les oiseaux nicheurs du Québec, Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (1995), sous la direction de Jean Gauthier et Yves Aubry, p. 1002-1005.

Référence à l’atlas de 2019 : Hachey, Marie-Hélène, « Bruant chanteur », p. 492, dans Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (M. Robert, M.-H. Hachey, D. Lepage et A. R. Couturier, dir.) Regroupement QuébecOiseaux, Service canadien de la faune (Environnement et changement climatique Canada), et Études d’oiseaux Canada, Montréal, 2019.