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Enfin la bonne version du livre de Lucrèce

Ce poète romain vécut de – 94 à -54 av. J.-C. au cours d’années de violence politique et de massacres. Il trouva refuge dans la réflexion sur la Nature. On lui connaît un seul ouvrage, De la Nature.

Et cet auteur fut influencé par le philosophe grec Épicure (plus de 200 ans avant lui), et un autre philosophe grec, Empédocle (400 ans plus ancien). Mais Lucrèce n’eut sans doute pas la vie facile dans un temps où naissent des églises, des regroupements de prosélytes annonçant « la bonne nouvelle », proposant au monde du surnaturel, du paranormal, plutôt qu’un attachement à la nature.

Une première édition de De la Nature, publiée chez Garnier Flammarion en 1964, avec traduction, introduction et notes de Henri Clouard, fut très respectable. Mais un nouvel ouvrage, cette fois-ci de la Société d’édition Les Belles Lettres, texte traduit et annoté par Alfred Ernout et notes complémentaires par Élisabeth de Fontenay, est désormais l’édition par excellence de ce grand livre de sagesse. Il faudrait s’en rappeler, ne pas échapper celui-ci. Il est arrivé un jour une grande réflexion sur la nature à laquelle nous appartenons.

Voyons.

En page 15, Lucrèce explique comment tout se tient, tout s’organise dans la nature.

En page 17, il nous montre qu’aucun corps ne retourne au néant, mais tous par la désagrégation, retournent aux éléments de la matière.

En page 18, poète, il nous dit que, grâce aux jeunes couvées d’oiseaux, les forêts de feuillus ne sont plus qu’une chanson. Alors aussi les brebis lasses de leur embonpoint reposent couchées dans les gras pâturages, et la blanche liqueur du lait coule de leurs mamelles gonflées ; alors les agneaux nouveau-nés aux pattes frêles jouent et folâtrent parmi l’herbe tendre, leur jeune tête troublée par un lait généreux.

 Rien donc n’est détruit tout à fait de ce qui semble périr, puisque la nature reforme les corps les uns à l’aide des autres, et n’en laisse se créer aucun sans l’aide fournie par la mort d’un autre.

En page 28, il affirme que, si la matière n’avait pas été éternelle, depuis longtemps déjà les choses seraient toutes et tout entières retournées au néant, et c’est du néant que serait né de nouveau tout ce que nous voyons.

Toujours en page 28, il constate que chaque espèce d’êtres dispose d’une limite de temps fixée pour pouvoir atteindre la fleur de son âge.

Pages 53s., Lucrèce dénonce le travail de forcené dans lequel nous enchaîne le quotidien dans l’espoir de richesses ou de pouvoir. Et, prenant exemple de la nature, lance un appel aux occupés à se faire mourir. Ô misérables esprits des hommes, ô cœurs aveugles ! Dans quelles ténèbres et dans quels dangers s’écoule ce peu d’instants qu’est la vie ! Ne voyez-vous pas ce que crie la nature ? Réclame-t-elle autre chose que pour le corps l’absence de douleur, et pour l’esprit un sentiment de bien-être, dépourvu d’inquiétude et de crainte ?

Page 56, il nous dit que les vivants de la terre se passent le flambeau de la vie. L’ensemble des choses se renouvelle sans cesse, et les mortels vivent de mutuels emprunts. Certaines espèces s’accroissent, d’autres s’amoindrissent ; en un court espace les générations se remplacent, et semblables aux coureurs se passent de main en main le flambeau de la vie.

Vous avez ici une bien bonne idée de la qualité de ce travail de Lucrèce et de sa démarche. Nous y reviendrons d’ailleurs. Le soir, ou dans la nuit, sous la lampe, dans un milieu calme, vous pouvez vivre des moments bien agréables à la lecture de ce document. En voici la référence :

 

Lucrèce, De la nature, Texte traduit et annoté par Alfred Ernout, Notes complémentaires par Élisabeth de Fontenay, Illustrations par Scott Pennor’s, Paris, Les Belles Lettres, 2019, 319 pages.

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