Hommage à Sœur Simone Voisine
Nous venons de perdre une bien grande dame. Elle vécut toute sa vie d’engagement social. Pour les travailleurs, les pauvres, les laissés- pour- compte, tout ce monde que décrit Gérald Godin dans de nombreux poèmes, lui aussi aujourd’hui disparu. Toute sa vie, elle fut respectueuse d’autrui, quel qu’il soit. Elle espérait la souveraineté du Québec, elle a même fait du porte- à- porte en 1976 et lors du référendum de 1980. Docteure en littérature, elle s’est battue pour la qualité du français. Sa plus grande joie, selon elle, fut de travailler à la soupe populaire à Québec pendant près de 20 ans.
D’être en sa présence reposait. Profondément croyante, elle n’était jamais prosélyte. Aussi, pas du tout craintif qu’elle parte en campagne à mon égard, j’aimais l’entendre sur ce qu’était pour elle la foi. Le dernier échange que nous avons eu fut téléphonique. On venait de lui donner une chambre près de l’infirmerie, à la maison généralice où elle habitait. Je craignais que cela soit l’annonce d’une mauvaise nouvelle prochaine.
Nous n’avons pas parlé de santé. Mais j’ai osé lui demander ce que serait pour elle l’au-delà. Elle m’a répondu simplement et calmement : « Je m’en vais admirer le Seigneur pendant toute l’éternité ». Je trouve la réponse fort belle, même pour quelqu’un qui croit plutôt à une prise au sol ici même.
Simone Voisine, son nom, Sœur de la Charité, originaire de la Côte- du-Sud, qui vient de partir à 92 ans.
Ce papier est paru dans le quotidien québécois Le Soleil, édition du 21 décembre 2019.
Voir aussi dans Le Soleil les deux billets suivants sur Sœur Simone :
La photographie par Caroline Grégoire est attachée à l’un des deux articles de Normand Provencher.