Salut au Marcheur !
Il y a bien longtemps, bien longtemps avant l‘invention des religions, nous avons reconnu dans la Nature des « choses », des « inventions » qui arrivaient à traverser tous les temps : la pluie, la neige, l’orage, la foudre, la tempête, et quoi encore.
De voir ces « choses » vivant sans peine ces conditions insupportables nous a amené à croire qu’elles pouvaient être protectrices. Aussi a-t-on voulu que, désormais, elles nous accompagnent.
Après tout, nous appartenions à ce monde.
« Paganisme » ont crié les religions lorsqu’elles sont apparues, cherchant selon elles à nous civiliser, « Cessez ces histoires immédiatement ». Mais ces propos n’ont eu aucun effet. Nous avions déjà notre civilisation propre, nos croyances et nos fêtes, par exemple. Si bien que les religions n’eurent d’autres choix que d’accepter ces choix anciens des communautés humaines. Elles ont même à leur tour imaginer des talismans, religieux cette fois-ci.
Prenez connaissance du Marcheur. Bien que fragile, il fut fort et solide en son temps. Le voici en images.
Le 11 septembre 2015, je l’aperçois soudain, déjà en marche, vert, solide, assuré. Et je l’ai constamment suivi dans son long périple, moi abrité, mais lui capable de tenir dans toutes les conditions, nez retroussé, cheveux au vent, même si la marche le faisait maigrir un brin. Beau temps, mauvais temps. Qu’il pleuve, que le soleil, brille, que la nuit soit froide, il tenait.
Il m’intéressait, car il m’apparaissait complètement hors de mes préoccupations quotidiennes, hors de tout ce qui sévit dans le monde. Comme si ses lois n’étaient pas les nôtres et personne ne pouvait s’en saisir.
Le 3 décembre, il essuie une première neige, mais tout va. Le 15 décembre, en voilà une vraie, qui le rend méconnaissable. Comment s’en sortira-t-il ? Lorsqu’arrive Noël, il doit s’y présenter glacé. À la Saint-Sylvestre, il neige.
Le 7 janvier, il n’a plus à supporter les étreintes de la neige et retrouve la forme. Le 11 janvier, il complète quatre mois de marche, amaigri, c’est certain, mais toujours vaillant. Cependant je remarque que les Bruants hudsoniens, des oiseaux d’hiver, ont à l’œil des personnages de cette sorte, riches de nombreuses graines
La vie du Marcheur est devenue dangereuse. Je dois agir. Le 19 janvier, je m’en empare. Je crois avoir un nouveau travail pour lui. Je ne veux pas qu’il périsse, dévoré graine à graine. J’ai un nouveau travail pour lui dont il est capable.
Le voici ici à ses derniers moments de marcheur, puis sur le rebord de la fenêtre. Oui, un jour, il y a bien longtemps, nous avons longuement observé le végétal vivant autour de nous. Apercevant que certaines plantes, certains arbres réussissaient à défier le passage du temps, peu importe les conditions naturelles, nous avons imaginé qu’un morceau d’eux pourraient nous accompagner et nous être précieux contre le mauvais sort. Précieux, car protecteurs.
Ils apporteraient avec eux, dans nos lieux d’habitation, leur capacité de défier. Depuis le 27 janvier 2016, le Marcheur est protecteur, à la campagne, dans le bâtiment de ferme le plus utile d’un de mes grands amis. Il voisine le fer à cheval placé par les Anciens sur le linteau de mon étable aujourd’hui disparue.
Cette page devrait apparaître dans un prochain livre ayant pour titre HISTOIRES NATURELLES.