Cherchez-vous un livre sur le silence ? (Premier de deux billets)
En voici un excellent de l’anthropologue David Le Breton, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg et membre de l’institut de France. Près de 300 pages sur le sujet. Extrait.
Les zones de silence sont particulièrement vulnérables aux agressions sonores. Le moindre bruit fait tache d’huile et pénètre de longues distances. Une scie électrique, une voiture ou une moto sur les routes de terres d’une forêt, un hors-bord sur une rivière ou un lac, brisent le charme des lieux en leur ajoutant un élément étranger que ces espaces ne peuvent intégrer. Ils lui portent atteinte car ils restreignent brutalement son usage en en faisant un simple résidu du bruit. Dans ces circonstances la contradiction est nette entre la nature et la technique. Là où le bruit est lié à la vitesse, à la puissance, à l’énergie, au pouvoir, le silence est à l’inverse une cristallisation de la durée, un temps arrêté ou infiniment lent, ouvert à la sensorialité du corps humain, battant au rythme tranquille de la marche de l’homme. On peut penser avec Jacques Brosse qu’« il n’existe pas de bruits dans la nature, mais seulement des sons. Nulle discordance, nulle anarchie. Même le grandement du tonnerre, même le fracas d’une avalanche ou la chute d’un arbre en forêt répondent à des lois acoustiques et ne les transgressent pas » (Brosse, Inventaire des sens, Grasset, 1965, 295s.).
David Le Breton, Du silence, Paris, Éditions Métailié, 2015, p. 183.
La suite : demain.
Bonjour Jean, j’aime beaucoup cette réflexion sur le silence écrite par David Le Breton. Ça me rejoint par les randonnées pédestres que je pratique en montagne où je retrouve ce silence et ces sons de la nature.
Nulle discordance, nulle anarchie.
Merci pour ces deux billets et la découverte de cet auteur.
Bonne journée.
Bien rares, cher Claude, sont les livres portant sur le silence. Celui-ci en est un bien bon.
Excellent printemps à toi.