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Voici l’audace du dernier poète grec païen

Son nom : Paul le Silentiaire. Décédé en Turquie en 580, il vécut donc au 6e siècle.

L’écrivain et journaliste Robert Brasillach dit ses poèmes courts, fiévreux, volontiers hardis, avec une sorte de brutalité dans le plaisir déguisé sous la grâce des mots. En voici trois.

 

 

Le silence dans l’étreinte

Jetons, ô ma beauté, nos vêtements au loin,

Serrons-nous dans nos bras, corps à corps, nue à nu.

Ne garde rien sur toi, le plus léger tissu

Entre nous deux me semble un mur de Babylone.

Unissons notre bouche, unissons notre peau.

Mais silence à jamais : pas un mot pour personne.

Je hais qui ne sait pas garder un secret clos.

 

Le secret

À tous cachons l’étreinte et le plaisir goûté.

Il est doux de garder sur l’amour le secret,

Et de se dérober aux regards de la terre,

Car, plus que le grand jour, aux belles voluptés

Une douceur de miel accorde le mystère.

 

La nuit

Sur ta paupière lourde, oui, l’amour est inscrit,

Ainsi qu’au saut du lit à l’heure du réveil,

Tes cheveux sont mêlés, ta joue rose est pâlie,

Et ton corps est brisé d’un effort nonpareil.

Ah ! si c’est dans les jeux d’une belle nuit blanche

Que ton corps a gardé ces traces de l’émoi,

Heureux l’homme qui t’a tenue entre ses bras !

Mais si l’amour brûlant lui seul te consuma,

Puisse-t-il te brûler en mémoire de moi !

 

Robert Brasillach, Anthologie de la poésie grecque, Paris, Le Livre de poche, 1965, p. 499s. Choix, traduction, notices par Robert Brasillach.

Photographie : Doux désir de Linda Giard.

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