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Le Jour des Rois (6 janvier)

Nous sommes au temps où, dans chaque famille, on conte l’histoire des rois et des fèves merveilleuses.

On y voit de longues caravanes chargées de présents pour l’Enfant-Dieu, des théories [sic] de bergers s’en allant dans la nuit claire, sous le regard de l’étoile qui devait les conduire à Bethléem.

Ce sont encore des récits où l’amour se mêle aux choses divines, tel est le conte où le mage Balthasar, épris de la reine de Saba, puis trahi par elle, se console dans l’étude des astres et découvre ainsi la toute belle étoile qui le guide à Bethléem. Dès lors, la reine Balkis a perdu tout son charme. C’est en vain qu’elle sourira, les yeux mi-clos, et qu’elle viendra au-devant du mage vêtue de sa robe de pierreries dont le bruissement ressemble au choc des désirs fous. L’Étoile sereine a conquis le mage en lui parlant d’un autre amour et, brillant au zénith d’un ciel plus pur que les prunelles bleues de la reine, elle le conduit de contrée en contrée jusqu’à l’étable où repose le Dieu dispensateur de la paix.

Nous, nous ne sommes plus au temps des mages, et de la Chaldée ne viennent plus chez nous les naïfs astronomes, en quête d’une étoile nouvelle. Ceux qui calculent le volume et les qualités lumineuses des astres s’inquiètent peu de savoir si telle planète, jadis à peine connue, aujourd’hui étudiée dans ses moindres détails, est l’astre protecteur d’un roi nouvellement né en quelque coin de l’Orient.

N’importe, bénie soit la légende. Elle nous vaut encore sinon les antiques réunions familiales d’autrefois, au moins toute une série de fêtes en l’honneur de ces trois grands donateurs de présents rares, en l’honneur de ces bergers au cœur simple et de cet Enfant divin que le monde ne peut oublier.

Mais, comme nous sommes loin de la simplicité primitive du festin familial, de la galette pétrie par les mains de l’humble servante et de la fève rustique ! Et comme ils sont oubliés, les joyeux vivats qui saluaient le roi et la reine d’un soir, alors qu’ils buvaient à la santé des convives !

 

La Presse (Montréal), 4 janvier 1896.

Ce texte est non signé. Et même une recherche sur internet ne nous mène pas à son auteur. Mais il ne semble pas être québécois.

Ci-haut, les Rois Mages sont devant la crèche de l’église Notre-Dame-de-la-Garde, au Cap blanc, à Québec.

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