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Et comment donc notre lieu de vie se serait formé ?

Je fouille dans un livre que je viens de terminer, 300 pages sur la vie. Celui d’Éric Karsenti, fraîchement paru.

Nous habitons une planète bleue, magnifique, hospitalière et foisonnante : la Terre. Elle s’est pourtant formée il y a 4,5 milliards d’années dans un environnement très hostile. Le Système solaire était en formation, des astéroïdes entraient en collision, des nuages de matière s’agrégeaient, des forces colossales généraient une intense chaleur.

Tout a commencé par une boule de matière en fusion. Un noyau ferreux dense s’est formé, produisant un champ magnétique, si important aujourd’hui pour protéger la vie des radiations ionisantes. Cette boule en fusion s’est refroidie lentement, si bien qu’une croûte est apparue à la surface. Pas d’eau liquide à ce stade : une atmosphère irrespirable, principalement composée d’azote, de méthane, de gaz carbonique, d’ammoniaque, de vapeur d’eau. Le refroidissement progressant, la vapeur d’eau s’est condensée, produisant un véritable déluge, qui a créé les océans voilà environ 4 milliards d’années.

Et la vie a commencé. Comment ? Franchement, on ne sait pas trop. Reconstituer des faits 4 milliards d’années après est un défi colossal qui, pour certains, relèvent de la chimère : il est plus simple d’invoquer un « grand architecte » — mais alors, pourquoi pour la vie et non pour la Terre ? Or, grâce aux mathématiques et à la physique, nous commençons à avoir une représentation précise de la structure de l’Univers, de l’origine des étoiles, des planètes et de la nature de l’espace-temps.

Pourquoi serions-nous incapables de formaliser l’origine du vivant, donc la nôtre ? Finalement, qu’est-ce que la vie par rapport au monde inanimé ? On peut aujourd’hui en donner une description, sinon une définition totalement scientifique : la vie est un ensemble de molécules isolées du milieu environnant et interagissantes, localement auto-organisées grâce à de l’énergie puisée dans le milieu où elles se trouvent, un système — ensemble d’éléments en interaction — capable de se reproduire, de se propager, de se complexifier et qui affecte son environnement.

Et nous sommes les enfants de l’eau. Notre patrie première est la Mer.

Selon toute vraisemblance, la vie a commencé dans l’eau, de poursuivre Karsenti. Dans son film, Le Monde du silence, réalisé avec Louis Malle en 1956, Jacques-Yves Cousteau, en observant des organismes planctoniques en plongée sous-marine, fait un commentaire qui dit en substance : « Ces êtres transparents à peine visibles qui ressemblent à de l’eau organisée ».

C’est exactement cela, la vie : de l’eau organisée ! Les cellules vivantes sont composées pour 70 à 80% d’eau. Dans la matière vivante actuelle, la chimie des molécules domine : les acides nucléiques supports de l’information génétique, les protéines aux multiples fonctions, et les lipides constituants des membranes qui délimitent les cellules. Il a bien fallu que toute cette complexité moléculaire s’agrège et commence à « fonctionner ». L’eau est le mouvement brownien, c’est-à-dire l’agitation des molécules H2O, y sont sans aucun doute pour beaucoup.

 

Éric Karsenti, Aux sources de la vie, Paris, Flammarion, 2018, p. 93-95.

Sur cet ouvrage, voir les premiers paragraphes de ce qu’en dit le journal Le Monde. J’avais repéré l’article dans Le Monde, édition papier.

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