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Les mousses sont facilement satisfaites

Héritières des algues, elles sont les premières plantes terrestres à être sorties de l’océan, selon le naturaliste et entomologiste Vincent Albouy. Si les champignons, les fougères, les prêles et les lycopodes connaîtront une évolution après leur venue sur terre, les mousses, elles, n’auront guère d’exigences.

Primitives, il leur faudra simplement un milieu humide, au moins un certain nombre de mois durant une année, pour ne pas mourir. Pour assise, rien de mieux qu’une grosse roche, une pierre et plus tard du bois — un arbre mort, par exemple — toujours si l’humidité est présente. Et nul besoin d’un réseau de racines. Attraper plutôt sa nourriture de ce que le vent apporte. Et peut-être quelques insectes.

Et voilà, tout est joué. L’angoisse n’est pas du monde des mousses, sauf par temps sec qui se prolongerait.

Le biologiste, botaniste et écologue Jean-Marie Pelt (1933-2015) affirme : « Pour elles, ça s’arrête là. Elles ont trouvé une adaptation et ne cherchent pas plus loin. Les mousses sont restées bêtement les mêmes depuis toujours. Elles ont le même aspect aujourd’hui que dans les fossiles les plus anciens. Rien n’a bougé. »

Pelt de rappeler les propos de certains de ses collègues qui pensent que les mousses sont peut-être régressives. Et il ajoute : « Il faut toujours envisager cette hypothèse : une évolution qu’on ne comprend pas est peut-être, tout simplement, une régression. En cessant peu à peu de fabriquer des vaisseaux, la plante a de plus en plus de mal à faire monter la sève, elle rapetisse donc… Mais c’est une hypothèse. »

Voyez cette photo d’une mousse chez moi sur un bloc erratique, venu probablement de la dernière glaciation entre 19 000 ans et 12 000 ans. Elle vit simplement dans mon milieu humide. Je l’ai photographiée le 23 décembre, nous sommes le jour de Noël. Auparavant, il avait beaucoup neigé pendant un mois, puis, en deux jours, la pluie tenait du déluge. Et la voilà. Toujours aussi calme, comme il y a des centaines de millions d’années.

Pourquoi donc se demander si elle régresse ? Elle est. Simplement. Les Sages diraient qu’elle a trouvé ainsi une façon de durer, une éternité, relative au moins.

 

Vincent Albouy, Pollinisation, Le génie de la nature, Versailles, Éditions Quae, 2018, p. 12s.

Jean-Marie Pelt ; Marcel Mazoyer ; Théodore Monod  et Jacques Girardon, La plus belle histoire des plantes, Les racines de notre vie, Paris, Éditions du Seuil, 1999, p. 48.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Joyeux noël à toi mon ami Jean!De Mr.Bergeron!

    25 décembre 2018
  2. Jean Provencher #

    Bien cordiales salutations, cher Monsieur Bergeron ! Que cette journée se termine tout en douceur.

    25 décembre 2018

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