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Quel serait au Québec l’objet ou l’image-symbole de la fête ?

En 1963-1964, la sociologue Denise Lemieux mène une enquête sur ce thème auprès de quelque cinquante jeunes filles d’environ 17 ans, « originaires de la ville de Québec, de petites villes ou d’un milieu rural ».

Sans contestation, l’arbre de Noël vient au premier rang. Voici les commentaires de certaines d’entre elles qui accompagnent leur choix.

L’arbre de Noël chez nous, c’est le plus vivant symbole de fête présent dans la maison. Ça remplace les fêtes de famille qu’on n’a pas. Il y a au moins ça, l’arbre, qui donne un air différent, qui en fait une époque de l’année.

Maintenant on est plus vieux, ça nous impressionne moins. Mais si on avait un arbre artificiel dans la maison, on serait bien déçus. On tient encore au vieux sapin.

Celui qui est dehors, quand on revient de l’école ou qu’on sort, il est là ; c’est pas pareil à celui qui est dans la maison ; lui, il y a le piano, le salon, tous ensemble.

La campagne avec tous ces sapins concourt à intensifier cette vraie atmosphère de Noël.

La joie d’aller le chercher, à part de ça ! Rien qu’aller le chercher et le rentrer dans la maison, c’est amusant.

On va le faire ce soir ; on se met tous ensemble. Pas d’arbre de Noël, ce serait ennuyant. Une année, on n’en a pas fait et on s’est ennuyé !

Toujours, on fait un arbre de Noël. Mon père est aussi enfant que nous autres là-dedans et puis chaque fois, c’est celui qui arrivera le premier à la maison pour faire la crèche.

C’était toujours moi qui défaisait l’arbre de Noël le 7 janvier, avant de retourner au collège ; alors, quand on sort l’arbre de Noël dehors, c’est fini le temps des fêtes.

C’est papa qui défait l’arbre. C’est la grosse corvée du temps des fêtes ; tout le monde est là pour le monter mais pas pour le défaire.

Et la sociologue Denise Lemieux de rajouter :

L’arbre nous est apparu comme un symbole privilégié du temps. D’abord, en ce sens que sa présence coïncide avec celle de la période de Noël et que les significations qu’on projette sur lui varient selon le moment particulier des temps de Noël auquel il est associé : le début, le milieu ou la fin. D’autre part, l’arbre sert de médiateur entre le présent et le passé. Il est unique dans le temps mais il renvoie aux arbres de Noël de chaque année, on dirait presque de chaque enfance. Il vit d’une vie mystérieuse que n’épuise pas le moment présent mais qui s’enracine au plus profond de la mémoire. […]

Arbre de Noël, point de repère que l’on reconnaît au terme et au commencement de chaque année, mais qui oriente nos pas sur une voie nouvelle, — sorte de halte qui permet de regarder en arrière, de faire le tour de la maison pour y découvrir une étoile, au sommet d’un arbre, qui fait signe de repartir.

 

Voir Denise Lemieux, « Le temps et la fête dans la vie sociale », Recherches sociographiques, Québec, Presses de l’Université Laval, volume VII, no 3 (1966), p. 281-304.

Le sapin ci-haut est le seul de son espèce qui se retrouve sur le grand terrain de l’Arche. Inutile de dire que je n’ai jamais eu le désir de le couper pour lui donner le rôle d’arbre de Noël.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Belle Acadienne #

    Mon beau sapin roi des forêts que j’aime ta parure…
    La tradition du sapin de Noel est encore bien enracinée dans le coeur des québécois.
    De joyeuses fêtes à vous.

    24 décembre 2018
  2. Jean Provencher #

    De bien bons vœux à vous aussi, Belle Acadienne, et à vos proches !

    24 décembre 2018

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