Cinq jeunes à l’aventure
Nous sommes le long du chenal nord du fleuve Saint-Laurent, entre la côte de Beaupré et l’île d’Orléans.
Toute une émotion a été créée à la basse ville, hier matin, lorsqu’on apprit la nouvelle que trois jeunes gens avaient été emportés par les glaces durant la nuit précédente.
Vers 9h.30 heures, samedi soir, MM. Gagnon, Wagner et Matte, en apprenant la nouvelle, se firent conduire à l’Ange-Gardien, où ils aperçurent les jeunes gens sur une immense banquise sur laquelle leur cabane se trouvait encore. Une autre cabane de pêcheurs au « petit poisson » passa aussi devant eux sur une glace flottante pas loin de la première.
MM. Wagner et Matte tentèrent en vain de se procurer un canot pour courir au secours des infortunés et durent revenir à Québec d’où ils transportèrent un canot à l’aide de deux chevaux. En arrivant de nouveau à l’Ange-Gardien, ils constatèrent que quelques cultivateurs avaient pu se procurer un embarcation et porter assistance aux pêcheurs.
Les jeunes se rendirent à Québec à pied après cette escapade en suivant la voie du chemin de fer arrivant vers 1 heure. On rapporte que deux jeunes gens étaient aussi dans l’autre cabane, mais en la visitant l’on s’aperçut qu’elle était vide.
Nous avons appris depuis que s’apercevant du mouvement de la glace, ils se hâtèrent de quitter leur retraite, abandonnant derrière eux dans leur promptitude un capot de fourrure, une montre et une petite somme d’argent.
Les deux jeunes gens sauvés de leur périlleuse position se rappelleront longtemps ce voyage forcé qu’ils ont dû faire sur un glaçon flottant durant la nuit du 17 décembre 1898.
Le Soleil (Québec), 19 décembre 1898.