Et s’annonce maintenant la Marguerite
C’est là son nom populaire connu de tous au Québec. Les scientifiques parlent plutôt du Chrysanthème leucanthème (Chrysanthemum Leucanthemum, Ox-eye Daisy).
Il n’y a peut-être pas eu de plante quotidienne plus nommée que celle-ci, elle a participé à tellement de bouquets et toujours fut celle de « Je me marie… Je me marie pas » en l’effeuillant. Simplement de ces faits, elle fut longtemps bien aimée.
Arrivée sans doute de France sous le Régime français, les scientifiques la classent dans le lot des mauvaises herbes, même si elle faisait parfois certains moments de notre enfance. Qui sait, peut-être que nos mères feignaient d’être heureuses lorsqu’on leur apportait un bouquet de marguerites. Bien jeunes fleuristes étions-nous.
Le Finlandais Pehr Kalm l’aperçoit dans la région de Québec en 1749 (Voyage de Pehr Kalm au Canada en 1749, traduction annotée du journal de route par Jacques Rousseau et Guy Bethune avec le concours de Pierre Morisset, Montréal, Éditions Pierre Tisseyre, 1977, p, 305). À la mi-août, à Québec, lors de son voyage, Kalm écrit : « Cette plante pousse en quelques endroits dans les pâturages ; elle est actuellement en pleine floraison. »
Même chez Marie-Victorin (Flore laurentienne, 1964), scientifique pourtant, point un moment d’affection. Nulle plante de l’ancien monde ne s’est plus complètement naturalisée que la Marguerite qui couvre nos champs l’été et donne la note dominante au paysage. […] Le folklore de cette espèce est abondant et bien connu ; jeunes gens et jeunes filles effeuillent une Marguerite pour savoir la vérité sur leurs amourettes ; les formules varient à l’infini, mais le dernier rayon effeuillé donne toujours la réponse.
À la vérité, il faudrait sans doute une thèse québécoise sur la Marguerite, petite plante bien humble qui a participé à sa façon à notre histoire, et nourri assurément notre attachement à notre coin du monde.
Chez moi, la Marguerite fleurira dans quelques jours maintenant.