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L’importance de la brunante pour nos oiseaux migrateurs

Vous vous intéressez vraiment aux oiseaux, procurez-vous l’ouvrage de Jennifer Ackerman. Je vous en avais parlé le 6 février. Il y a tant d’infos nouvelles qu’à un moment donné, la journaliste scientifique doit ralentir le rythme, dirait-on, tant elle est heureuse.

Voici le genre de nouveauté, pour moi du moins, qu’elle nous donne à partager.

L’oiseau voyageur, le migrateur, doit se construire par l’apprentissage une ou quelques cartes mentales.

Certains, comme les grues blanches, le font en suivant le cheminement des adultes qui les entourent. Les jeunes inexpérimentés se mettent dans le sillage des adultes le long des itinéraires de migration. […] Cependant, suivre un parent n’est pas toujours possible. Le jeune macareux à l’envol, par exemple, quitte les falaises isolées et escarpées de l’Atlantique Nord et les îles l’ayant vu naître durant la nuit, bien avant que les adultes abandonnent la colonie pour l’hiver. […]

Pourtant un jeune oiseau migrateur parvient, d’une façon ou d’une autre, à trouver son chemin à des centaines ou des milliers de kilomètres de ses terrains d’hivernage, bien qu’il n’y ait jamais séjourné. Pour ce faire, il se repose sur un peu de merveilleuse intelligence génétique, un programme inné de type « horloge et boussole » qui lui indique de voler pendant un certain nombre de jours dans une certaine direction.

L’horloge est un chronométreur interne sous contrôle génétique, qui dicte le nombre de jours de vols. Nous le savons parce qu’un oiseau migrateur en cage fera preuve d’une durée déterminée d’agitation migratoire, le Zugunruhe *, qui est étroitement corrélé avec la distance sur laquelle son espèce migre habituellement. En ce qui concerne la boussole, pour quelques espèces au moins, certains oiseaux juvéniles possèdent une boussole héréditaire à une seule direction, spécifique à leur espèce, qui les place sur le bon parcours.

Pour rester dans la direction requise, ils comptent sur les signaux de la boussole que les adultes utilisent, y compris le soleil, les étoiles, le champ géomagnétique et les signaux lumineux polarisés disponibles au coucher du soleil.

Le crépuscule constitue une source importante d’informations relatives à la navigation pour des animaux de tous types. C’est la seule période du jour où les oiseaux et les autres espèces peuvent combiner des modèles de polarisation lumineuse, la position des étoiles et des repères magnétiques.

Il est difficile de se figurer comment fonctionne ce programme inné, en particulier pour les oiseaux dont les itinéraires sont extrêmement précis et complexes, mais d’une manière ou d’une autre, codées dans leurs gènes et transmises d’une génération à la suivante, les informations spécifiques à l’espèce concernent à la fois direction et distance.

 

Jennifer Ackerman, Le Génie des Oiseaux, traduction de Patrice Salsa, Paris, Hachette Livre, Éditons Marabout, 2017, p. 310s.

Et je vous rappelle que l’auteur s’appuie sur 36 pages de référence.

Le caractère gras est de moi.

L’illustration provient de l’ouvrage de Louis Cousin-Despréaux, Les leçons de la nature présentées à l’esprit et au cœur, Tours, Alfred Mame et Fils, 1885., 367p.

* Le zugunruhe est une agitation migratoire, un sentiment d’anxiété qui apparaît chez les animaux migrateurs, notamment les oiseaux, durant les saisons où leur migration devrait se produire.

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